[Nouveau] Edito du Lundi (2) - La petite Exploitation ne va pas mieux !

Alors que le Gaumont Wilson, à Toulouse, vient de passer pour la 1ère fois de son existence le 1.000.000 d'entrées payantes dès le mois de septembre (le 18, exactement !!!),
Alors que le nombre de tickets vendus dans les salles de cinéma présente toujours un solde positif en 2010 vs 2009 qui était déjà une année record,

les Exploitants de la petite et moyenne Exploitation vont retrouver les grands circuits à Deauville lors du 65ème Congrès de la FNCF qui débute aujourd'hui avec toujours les mêmes récriminations :

L'Exploitation va mal !

Et de fait, la situation économique des salles uniques, salles municipales, salles associatives et autres petits circuits présente des signes inquiétants de difficultés croissantes, tant les relations qu'ils entretiennent avec certains Distributeurs de films ne leur laisse entrevoir que de la tension alors qu'ils sont en train d'investir en masse pour le passage au numérique...

En bref, à quoi bon investir dans une technologie de pointe pour laquelle peu de clients (le prix de la place est bien assez élevé bien qu'il n'ait augmenté que d'environ 11% en une dizaine d'années) et de fournisseurs (les Distributeurs en l'espèce) ne voudront compenser cet investissement (le cout de construction d'un fauteuil a augmenté de 87% dans le même temps - source FNCF) ?
Si la relation salles de cinéma / spectateurs est saine (la loi de l'offre et la demande), le bras de fer est lancé entre ces salles de cinéma et des Distributeurs qui ne pas tous prêts à faire les efforts nécessaires.

Ces derniers (en tout cas, certains grands Distributeurs américains) sont par exemple accusés de pratique anticoncurrentielle en pratiquant des taux de location aussi élevés sur des films qui doivent fonctionner en profondeur chez les petits exploitants qu'en première semaine dans les grandes salles des circuits principaux.
Le numérique, le relief et leur surcout sont actuellement "financés" par une augmentation du prix de la place. Il semblerait juste que les Distributeurs de films contribuent à ce financement par le biais (par exemple) d'une baisse de ce taux de location, surtout chez les exploitants les plus fragiles, évitant de créer ainsi une Exploitation à 2 vitesses, comprenant d'un coté les Grands Circuits (Gaumont/Pathé, UGC et CGR) et de l'autre une multitude de petites entreprises et associations.

Et pourtant...
Même si tous les Exploitants de cinémas ne sont pas irréprochables (déprogrammation sauvage de films pour augmenter le nombre de salles d'un blockbuster, non respect des engagements pris concernant la capacité des salles ou le nombre de séances hebdomadaires liés à un film,...), la fin prématurée du fonds de mutualisation (le CNC avait prévu d'assurer la collecte des Virtual Print Fees, les frais de copies virtuelles) par le conseil d'état, depuis remplacé par l'aide sélective au numérique pour les petites et moyennes Exploitations (moins de 50 écrans), doublée par la volonté de ceratins Distributeurs d'attendre une obligation légale de versement, n'arrange pas leurs affaires. Mais les cinémas français continuent pourtant à s'équiper, la france possédant encore et toujours l'un des parcs de cinémas le plus moderne au monde !

Et ce n'est pas quand le 35mm (l'argentique) sera devenu minoritaire et qu'il deviendra de plus en plus cher qu'il faudra s'étonner de voir disparaitre les petites salles non encore équipées qui n'auront plus l'accès garanti aux films...Alors que ces salles-là sont souvent le lieu de vie et de rencontres dans les provinces et représentent le lien nécessaire entre l'art, la culture et la socialisation des villes et villages.

C'est un peu extrémiste, mais c'est comme ça ! Il faut que tout le monde réussisse à travailler main dans la main...