C’est avec un peu de retard, vacances obligent, que je prends connaissance de la déclaration de Jean-Philippe Allenbach [dont la photo provient d'ici] , le patron du Mouvement Franche-Comté ici, faite à l’AFP vendredi dernier ici :
« Si nous n'avons pas de France fédérale, mieux vaut être canton suisse. C’est la faute à Paris. »
Cette déclaration vient après le dépôt, le 19 mars 2010, de la motion du député Dominique Baettig au Conseil national suisse :
"Le Conseil fédéral est chargé de proposer un cadre constitutionnel et légal permettant d'intégrer, en tant que nouveau canton suisse, des régions limitrophes dont une majorité de la population en ferait la demande."
Début juillet un sondage publié par la Weltwoche confirmait l’intérêt des dites régions limitrophes à être rattachées à la Suisse :
"Dans le Vorarlberg (Autriche), 52% des personnes interrogées soutiennent l'idée de rejoindre la Suisse, 35% sont opposées et 13% ne savent pas. En Savoie-Haute-Savoie (France), l'idée séduit 48% des sondés, contre 39% hostiles et 13% sans opinion. Dans le Bade-Wurtemberg (Allemagne), c'est oui à 48% et non à 40%, alors que la proportion est de 52% en faveur et de 44% contre dans la région Côme-Varèse (Italie)." [voir Le Matin en ligne du 14 juillet 2010 ici]
Le 30 août 2010, Eric Bertinat déposait à son tour un projet de résolution dans ce sens au Grand Conseil de Genève :
"Intégrons à la Suisse les régions limitrophes qui en font la demande
Le GRAND CONSEIL de la République et canton de Genève considérant :
– que la Suisse s’est construite au fil des siècles par l’adhésion de nouveaux cantons ;
– que les habitants des régions limitrophes à notre pays sont victimes du manque d’intérêt de la classe politique nationale et européenne dont ils dépendent ;
– que les populations des agglomérations transfrontalières, telles qu’imaginées par l’UE, n’ont pas la possibilité de se prononcer démocratiquement sur les décisions dont elles font l’objet ;
– la volonté de plus d’autonomie des habitants des régions limitrophes vis-à-vis de l’Etat central et de l’UE ;
– l’attrait des populations des régions limitrophes pour notre système de démocratie directe ;
demande à l’Assemblée fédérale de revoir le cadre constitutionnel et légal pour permettre aux régions limitrophes de rejoindre la Confédération helvétique en qualité de nouveaux cantons si une majorité de leur population le demande."
Ce dernier projet de résolution montrait clairement qu’il existait bien une alternative démocratique à la construction bureaucratique et totalitaire qu’est l’Union européenne, irrespectueuse du principe de subsidiarité dont elle se réclame pourtant jusque dans son traité constitutionnel.
Avec la déclaration de Jean-Pierre Allenbach ce qu’il y a de nouveau c’est que c’est un mouvement français qui, cette fois, envisage le rattachement d'une région limitrophe, à savoir la Franche-Comté, à la Suisse. L’initiative ne vient pas de Suisses mais de Français.
La dépêche de l’AFP du 17 septembre 2010 qui publie la déclaration de Jean-Pierre Allenbach l’assortit de ses propres commentaires :
"Tous les Franc-Comtois pourraient trouver leur compte en Suisse: bas salaires multipliés par deux, moins d'impôts, moins de grèves, plein de vélos... "
Et :
"Les entreprises du Haut-Doubs partent en Suisse. A moins d'instaurer un régime fiscal spécifique à la Franche-Comté, on est mort ! Mieux vaut passer dans le camp adverse."
Bien sûr l’AFP s’empresse de minimiser le Mouvement Franche-Comté :
"JPA [Jean-Pierre Allenbach] s'est présenté à plusieurs élections sans jamais dépasser 5% des suffrages. Il a même tenté sa chance pour les présidentielles françaises de 2002 et 2007, sans réussir à rassembler les 500 parrainages nécessaires."
Certes, mais ne faut-il pas dans ce cas-là se souvenir des célèbres vers de Corneille dans Le Cid :
"Nous partîmes cinq cents; mais par un prompt renfort
Nous nous vîmes trois mille en arrivant au port "...
Francis Richard