Adieu l’image de la belle unité de la famille socialiste. Pire qu’une querelle d’ambitions personnelles, Benoît Hamon a ré-ouvert au grand jour la boite de Pandore où était enfermée l’éternelle querelle entre socialistes radicaux et socialistes réformistes. Outre le fait de brouiller l’image du PS, Benoît Hamon a pris le risque d’être accusé d’avoir commis une faute politique en jouant l’alliance de la frange radicale du PS avec des forces politiques extérieures, notamment le NPA. Particulièrement remonté, Gérard Collomb demande une clarification. Le sénateur-maire de Lyon invite le leader du courant « un monde d’avance » à choisir entre porte-parole du PS ou celui de la gauche radicale.
Un pied dedans, l’autre dehors. C’est bel et bien la règle du collectif que vient de remettre en cause Benoît Hamon et ses amis en allant chercher à l’extérieur un soutien à leur ligne politique minoritaire dans leur propre parti.
Eternel affrontement entre ceux qui promettent beaucoup et les gestionnaires qui mettent en garde contre les contraintes du pouvoir et les désenchantements. Un risque résumé dans la formule d’Hillary Clinton : « On gouverne en prose, on fait campagne en vers ».
Benoît Hamon et ses amis pensent que la bataille des retraites puis celle des présidentielles ne se gagnera que par l’unité de toutes les forces de gauche. A l’inverse, une majorité au PS estime sur un simple constat arithmétique qu’il faut aller au-delà du simple réservoir de la gauche pour réussir.
On croyait la ligne du PS une bonne fois pour toute arrêtée, majoritairement social-démocrate, à l’issue de la convention pour un nouveau modèle de développement menée de main de maître par Pierre Moscovici . Si l’aile gauche du PS a fait le dos rond lors de son adoption au printemps, elle entend aujourd’hui surfer sur le mouvement de contestation de la réforme des retraites.
Interrogé par Le Post, Pierre Moscovici a livré son sentiment sur ces grandes manœuvres. “Au moment où va débuter le combat contre le projet de réforme des retraitesdu gouvernement, qui réunira un front très large, il n’est pas illogique de trouver un front très large de la gauche contre cette réforme injuste. Mais si je ne condamne pas ce rapprochement ponctuel entre Benoît Hamon et Olivier Besancenot, je ressens quand même un petit malaise car il faut faire attention aux images, à leur sens et à leur prolongement, au moment où nous tentons de construire une alternative crédible“.
Le député du Doubs explique les raisons du malaise. “Benoît Hamon est le chef d’un courant mais aussi le porte-parole du PS. Il doit être conscient qu’il représente tout le parti et doit donc manifester une certaine prudence. Il y a une ligne rouge à ne pas franchir: il ne faut pas laisser croire que nos alliés de demain seront à l’extrême gauche, notamment le NPA qui refuse toute sorte de réforme. Le PS doit proposer, construire, en se battant sur ses propositions et pas seulement s’opposer. Il y a une différence fondamentale entre le NPA et le PS: nous voulons gouverner le pays et le réformer, en faisant des efforts, et pas seulement être dans la protestation.“
Moins rond et plus polémique Gérard Collomb, toujours dans les colonnes du Post, met ouvertement les pieds dans le plat. “Ce rapprochement n’est pas ce que Benoît Hamon a fait de mieux car il fait le jeu de tous les gens de l’UMP qui vont taper sur le PS comme des sourds, en disant que notre parti n’est pas crédible pour gouverner“. Très pragmatique le sénateur-maire demande une clarification et invite Benoît Hamon à choisir entre ses deux casquettes de porte-parole et de chef de courant.
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