Black Out

11h46... " t'en fais pas, si je m'y mets maintenant, jusqu'à 20h, je peux travailler 8h "

En fait, non, ca va vraiment pas...

Peut être parce que j'en ai marre...

Ou qu'il me sert d'excuses...

Ou tout simplement, parce que... depuis que je l'ai rencontré, je fais n'importe quoi.

Je me déteste d'agir ainsi. Je déteste me voir dans le miroir et savoir que je romps mes principes pour un homme.

Je déteste me voir aussi faible ou dépendante. Je déteste me réveiller le matin engourdie et me dire " je suis fatiguée, je dors " même quand je me couche vers 20h.

Je déteste ne pas avoir de vie en dehors de lui.

J'ai cette sensation comme en médecine, de vouloir hiberner, loin des gens, loin des amis...

En vérité, ca tient plus du " je me laisse couler " et me rattraper pas.

La grève de jeudi va empirer les choses. J'ai déjà trop de cours de retard, et d'abscences.

Pas faute d'avoir chercher un logement temporaire...

Avec un peu de chance, j'arriverai en me levant tôt à avoir un bus, un RER... un transport quelconque pour aller en cours... 

Faudra bien !

Mais cela ne m'empêche pas de me hair.

Les sentiments c'est des conneries qui rendent écervellée les femmes. On a inventer cela pour leur ramolir le cerveau. Je me sens trop changée depuis que je le connais. C'est bien et en même temps professionnellement, et socialement je coule... Parce que " ne vivre que pour une personne " c'est malsain. Cette attitude dans ma tête rend les choses plus compliquer. Et y a cette froideur qui engourdit les sens, qui se réveille... La même froideur qui fait que parfois, je peux aller trop loin dans l'autosabottage. La même volonté de tout détruire même ce qui est beau, pour qu'il ne reste plus qu'un vide agréable car non dangeureux. Juste le vide...

Avant de le rencontrer, j'avais des projets... Plein.

On dirait que depuis ils sont passés aux oubliettes.

Et j'ai fait une chose mal. Je devais aller faire du bénévolat et je ne me suis pas réveillée pour y aller... Mon attitude m'a déplue. Même si en apparence, tout reste pareil...

Et mes projets, j'en ai fait quoi ?

Pendant toutes les vacances, j'y songeais. 

Je voulais beaucoup de choses dont certaines impossibles, mais j'étais prète à me battre pour. Et il suffit qu'un gars se ramène, pour que je devienne totalement immature et que j'oublie que j'ai une vie professionnelle à faire tenir en route... Que là, je suis juste en train de couler, et que c'est ma dernière chance.

" et si tu rates ? "

" je préfère ne pas y penser. C'est pas une option envisageable. Car si cela arrivait, j'arrête mes études définitivement. Il arrive un moment où t'en a juste marre. Ne pas avoir le métier que je veux... Ca sera juste une goutte d'eau qui fait déborder le vase "

Mais en vérité, j'ai aucune idée de ce que je ferai. Je n'y pense pas. Je me dis que si j'y pense pas, je vais me battre avec davantage de force pour que cela n'arrive pas.

Mais je me gourre peut être.

Avant de le rencontrer, je voulais avoir de très bonnes notes aux partiels... Je voulais être dans les premières de la promo et aucune abscence aux compteurs pour les deux prochaines années. C'est mal barré...

Jm'ennuie tellement en cours...

Mais j'arrive pas davantage à bosser chez moi...

Cercle vicieux.

On perd son temps et le temps qu'on a on ne parvient pas à le rentabiliser.

Faut que je me réveille.

La question c'est quand ? comment ?

Le savoir ne fait pas l'action. Faut se bouger... Mais si sur le moment ca parait évident et facile, dans les faits c'est dur.

J'espère me réveiller, reprendre du collier et me battre parce que là, ca devient vraiment pitoyable qu'un homme puisse me mettre dans cet état. On dirait une collégienne attardée. Et ca me déplait.

Et quand on commence à se hair soi même d'être éloignée de ses rêves et ses objectifs, c'est l'autre qu'on finit par détester. C'est à l'autre qu'on finit d'en vouloir...

Kath.