Serge Dassault veut racheter le Parisien pour 170 millions d'euros. Au même moment, l'Etat lui verse 800 millions d'euros pour l'aider à supporter l'échec cuisant de son Rafale, totalement invendable... La démocratie, sens dessus des sous.
Serge Dassault, l'inénarrable
Ce héros moderne pense que les grèves doivent être interdites, que les chômeurs sont des gens "qui ne veulent pas travailler", que les courageux travailleurs chinois qui "dorment sur place, dans leurs usines" sont un exemple à suivre. Maire de Corbeil-Essonnes, par procuration pour l'instant, puisqu'il a été déchu de son éligibilité en juin 2009 pour cause d'achats de voix. Sénateur, patron de presse, avionneur et vendeur d'armes, 90ème fortune mondiale (estimée à 4 milliards € par Forbes) et... fils de son père, surtout. Mais où s'arrêtera l'homme orchestre de la République ? Pour l'heure, il s'intéresse de près au Parisien. Selon certaines sources, la négociation serait quasiment bouclée. Une nouvelle opportunité de diffuser ses "idées saines", comme il l'affirmait ouvertement lors du rachat du Figaro en 2004 ? Montant de la transaction : dans les 170 millions d'euros.
Sauver le soldat Dassault
Curieuse coïncidence, l'Etat vient de valider l'achat de 11 nouveaux Rafale, pour une valeur de 800 millions d'euros, selon Les Echos, répartis sur les années 2011 à 2013. Une somme qui n'était pas prévue dans la loi de programmation militaire. Un scandale ? Tout de suite, les grands mots... mais finalement, que représentent ces 800 millions au regard des 35 milliards d'euros d'argent public déjà reçus par notre vendeur d'armes en chef pour la seule conception du Rafale. Enfin, "vendeur d'armes", il faut le dire vite. Car si l'Etat fait ainsi (sur)chauffer le carnet de chèques, c'est surtout parce que l'Héritier ne réussit justement pas à refourguer sa camelote. Le Rafale est toujours invendu à l'étranger... depuis 1985 !
En guise de conclusion, citons cette petite saillie de Serge Dassault, recueillie par Paul Moreira pour l'émission "90 minutes" (Canal Plus) :
Journaliste : C'était un peu cher le Rafale, non?...
Serge Dassault : Mais, non, pas du tout, vous mettez pas en tête des idées pareilles...
Journaliste : 35 milliards d'euros d'argent public quand même...
Serge Dassault : Mais c'est sur 20 ans...
Journaliste : Oui, mais c'est beaucoup pour un avion qui ne se vend pas...
Serge Dassault : Mais non, ce qui coûte cher à l’état, c'est plutôt les chômeurs...
Si Serge Dassault n'existait pas...
La citation du jour : "Il devrait se munir d'un copyright, le hasard ; il en ferait des sous avec toutes ces coïncidences". [Jean Dion].
(Article publié sur le site "Les mots ont un sens")