Archive - "Londinium" 1996 Island Records

Publié le 21 septembre 2010 par Audiocity
 

A mes yeux le seul et unique vrai bon album de ce groupe fondé en 1994 par Danny Griffiths et Darius Keeler, 2 musiciens de la scène britannique dont les talents respectifs n'avaient pas encore suscité d'interêt auprès du public anglais jusqu'à la sortie en 1996 de ce très bon album trip-hop, "Londinium". Un album très novateur pour l'époque, que les critiques n'hésiteront d'ailleurs pas à comparer au "Dummy" de Portishead sorti 2 ans plus tôt, comparaison envisageable pour ce disque, mais qui sur le long terme et après plusieurs reformations successives s'avèrera bien moins évidente, Archive ayant depuis décidé d'emprunter une autre voix créatrice (sorte d'électro/rock progressif inclassable), au risque de déplaire à un public conquis et enthousiaste (j'en suis). Une déception douloureuse à accepter et à la mesure de l'engouement qu'avait suscité sur moi cet album que je n'ai pas peur de qualifier de chef-d'oeuvre rarement égalé.

L'originalité première tient au fait d'y avoir incorporé 2 chanteurs jusqu'ici inconnus et aux registres divergents. L'un s'appelle Rosko John et officie comme rappeur. L'autre, Roya Arab, est une chanteuse anglaise d'origine iranienne dont la voix douce et claire rappellera quelque peu celle de Beth Gibbons avec Portishead, d'où le rapprochement souvent fait entre les 2 formations. Danny et Darius, respectivement claviers, basses, samples, et programmations, composent tous les titres de l'album et font venir quelques musiciens supplémentaires pour travailler sur les nombreux arrangements (Karl Hyde à la guitare - Pete Barraclough à la flûte - Ali Keeler au violon), allant jusqu'à payer un joueur de triangle du nom de Anita Hill.

Cette association parfaite n'est bien sûr pas le fruit du hasard. Tout est mûrement réfléchi et savamment travaillé pour que cette symbiose s'opère naturellement et simplement. Le flow du rap apporte une dynamique essentielle sur certains morceaux très down tempo ("So few Words" - "Skyscraper" - "Beautiful World"), tandis que la douceur féminine de Roya souligne merveilleusement les mélodies ("Headspace" - "All Time" - "Nothing Else"). Quelques instrumentaux pour la respiration ("Old Artist" - "Man-Made" - "Organ Song"), le tout systématiquement accompagné de rythmiques lourdes et métalliques prêtent à tout emporter sur leurs passages. Le trip hop façon Archive est né. Une marque de fabrique faite d'un mélange de simplicité mélodique et d'une rigueur d'écriture très inspirée qui marquera toute une génération d'auditeurs.

A noter également que le mix est très bon et vous autorisera à monter le son sans problème (de préférence sur de bonnes enceintes) pour vraiment en apprécier tout le travail (panoramiques, reverbes, compresseurs, filtres...).

Vous l'aurez compris, "Londinium" est un véritable ovni musical sans aucune faute de goût, et assurément un coup de maître pour un premier opus (je le redis, le seul album du groupe qui, personnellement, vaille vraiment le coup et mérite d'être acheté). Pour moi, le disque le plus représentatif de ce qu'est le "genre" trip hop. A ce propos, si vous connaissez d'autres artistes susceptibles de m'intéresser (maintenant que vous savez ce que je pense d'Archive et de son oeuvre globale), je suis preneur.

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