Synopsis :
Mars 1992 dans une petite ville de la région parisienne.
Lors d’une soirée bien arrosée, des adolescents découvrent dans la forêt un corps apparemment sans vie, enfoui dans les broussailles.
Quinze jours plus tôt.
Au lycée Léon Blum, un élève de Terminale C, Simon Werner manque à l’appel. Des traces de son sang sont retrouvées dans une salle de classe. Fugue, enlèvement, suicide, meurtre ? Toutes les hypothèses sont envisagées par ses camarades.
Quelques jours plus tard, une élève de la même classe est notée absente sans que ses parents sachent où elle est. Une jeune fille apparemment sans histoire et sans lien direct avec Simon.
Le lendemain, un troisième élève, toujours de la même classe, disparaît à son tour…
Critique :
Première réalisation de Fabrice Gobert, Simon Werner a disparu fait parti de ces films qui divisent et ce pour des raisons totalement différentes : Manque d’ambitions pour certains, fraicheur salvatrice pour d’autres. De mon point de vue ni l’un ni l’autre mais un premier long-métrage intéressant dans son approche et sa réalisation malgré quelques maladresses qui rappelleront la jeunesse de Fabrice Gobert en matière de longs-métrages. Après s’être fait la main avec des séries adolescentes, ce jeune réalisateur a choisi de revenir en terrain connu en proposant une histoire inspirée de sa propre vie, à savoir la disparition d’un ado au sein d’un lycée dans les années 90.
Un fait divers malheureux mais qui va être l’objet de tous les fantasmes chez ses jeunes nourris aux films et pour lesquels l’acte gratuit ne peut être imaginé qu'en dernier, après bien entendu toutes les possibilités improbables ou glauques. Et c’est très clairement sur ce choix délibéré de se désintéresser de la « vérité » pour privilégier l’observation de la naissance des fantasmes chez qui m’a intéressé. L’erreur serait d’attendre du film un thriller chez les teens (ce que la bande-annonce pourrait laisser présager) car le cœur n’est pas là. On se moque d’ailleurs pas mal de ce qu’il est advenu de Simon Werner, les délires de ses copains étant nettement plus passionnants à suivre, écouter ou partager.
De manière totalement arbitraire, Fabrice Gobert va suivre 4 étudiants du bahut (dont Simon, en dernier) sur un même laps de temps, chacun des étudiants ayant un lien plus ou moins éloigné avec le disparu. Le film semble être donc un éternel recommencement avec ses variantes et ses couches de points de vue se superposant, permettant ainsi de cerner avec précision la manière de penser des ados. Une époque d'ailleurs pas si lointaine qui permet au film de se doter d’une bande-originale légèrement vintage et excellemment trouvée, renforcée par le rock mélancolique de Sonic Youth.
Par le parti pris de filmer 4 segments distincts, Fabrice Gobert prenait un très gros risque, celui de perdre les spectateurs venus chercher une enquête. Sans doute que les détracteurs du film se sont vu déçus par ce point mais en regardant au delà des simples faits, il est extrêmement complexe aujourd’hui de réaliser un film d’envergure avec des budgets très limités. Seule solution, être imaginatif ("Captifs" en est un autre bon, exemple, critique à venir) et c’est exactement ce que Fabrice Gobert a cherché à être. Grâce aussi à ses jeunes acteurs parfaitement dans le ton du film, il permet une immersion plus que concluante dans ce lycée qui ressemble à tant d’autres. Une représentation presque intemporelle de l’adolescence tant la réflexion et les lieux ne montrent aucune emprunte du temps. Seuls les vêtements et l’absence de mobiles trahissent les 20 années qui nous séparent de l’action.
Visiblement nourri du cinéma de Gus Van Sant (la référence à Elephant est évidente sans chercher à l’imiter) et d’autres grands du 7e Art, Gobert réalise une entrée distinguée dans la cour des grands, son film sincère et soigné témoignant d’une vraie volonté de faire les choses bien avec les moyens accordés par la production, ni plus ni moins. En ce sens, Simon Werner a disparu m’apparait comme une jolie réussite à découvrir ce mercredi en salles !
A découvrir ci-dessous les 3 premières minutes du film :
Sortie officielle française : 22 septembre 2010