L'évocation de "thé de Ureshino" appelle souvent l'image du kama-iri cha (kama-iri sei tamaryoku-cha, ou encore kama-guri), thé vert produit selon la méthode chinoise de chauffage direct. En réalité, on n'en produit presque plus à Saga, les départements de Miyazaki et Kumamoto sont les plus importants producteurs de kama-iri cha (même si cette production reste minime). A Saga, comme à Nagasaki, le gros de la production, c'est du mushi-sei tamaryoku-cha (mushi-guri), produit par étuvage des feuilles, comme un sencha finalement.
En voici deux :
La différence se fait aussi sentir dès l'infusion. Celui de droite donne une liqueur bien plus foncée, confirmant l'idée d'un étuvage plus long. Celui de gauche, est aussi plus parfumé. Un court étuvage permet de produire un thé plus parfumé, mais à la saveur moins forte.
La dégustation nous met devant deux thés qui reste très proche, avec un parfum qui rappel plutôt celui de certains futsu-mushi sencha de montagne, parfum de grosses fleurs des champs.La saveur est forte, douceâtre, très légèrement tourbée, celui de droite, bien sûr, étuvé plus longuement est plus fort encore, plus minéral, plus complexe aussi, avec plus de profondeur, alors que celui de gauche possède un aspect plus brut, mais plus frais, un brin plus "vert". Bref, deux même type de thés, issus du même terroir, donc très proche dans l'ensemble, mais avec chacun leur personnalité quant on regarde les détails, quant on apprend à les connaître, comme des jumeaux en quelque sorte. La différence d'étuvage est sans aucun doute décisive. Dans l'ensemble, Ureshino donne naissance à nombre d'excellents thés, très doux, avec pas mal de parfum. C'est une particularité des tamaryoku-cha étuvés (mushi-guri), que d'avoir à la fois une puissance saveur (comme de nombreux sencha de plaine, généralement peu parfumés) et un parfum prononcé comme des sencha de montagne, à la saveur plus subtil. Les mushi-sei tamaryoku-cha sont à peu de choses près fabriqués comme des sencha, sauf qu'une des phases de malaxage est zappée. Ainsi, les feuilles n'ont pas la forme en aiguille caractéristique des sencha, mais aussi, à la fin de cette phase écourtée de malaxage, elles sont aussi moins sèches. Donc, pour contré ce problème, entre en jeu pour les tamaryoku-cha une sorte de processus de pré-séchage, qui joue probablement sur le parfum.