Nicolas Sarkozy vient en effet d'annoncer son intention de généraliser les Maisons pour l'autonomie et l'intégration des malades Alzheimer. Les maisons pour l’autonomie et l’intégration des malades d’Alzheimer (MAIA) qui s'incrivent dans le Plan Alzheimer 2008-2012 sont actuellement en cours d’expérimentation, c'est donc leur généralisation qui vient d'être annoncée. L'initiative des MAIA semble convaincante (actuellement 17 expérimentations en cours). 35 MAIA supplémentaires devraient donc voir le jour en 2011, puis 100 en 2012, avec pour objectif une couverture globale du territoire en 2014 (« 400 à 600 unités », ce qui vous en conviendrez n'est pas du tout la même chose) .
Aides et soins à domicile.
Autre élément du dispositif, la création d'équipes mobiles pluridisciplinaires, (500 de prévues à termes) ; actuellement ces équipes auprès de 40 Services de Soins Infirmiers à Domicile (SSIAD) et d'ici fin de 2010, 127 nouvelles équipes devraient débuter leur activité.
Accueils de jour
Les créations de places d’accueil de jour sont une des mesures phares du plan Alzheimer, ainsi environ 1000 places auraient été créées chaque année (depuis le début du plan j'imagine). Cela sera-t-il suffisant là est toute la question. Toujours est-il que dans la même logique qui conditionne le maintien d'un service dans les hopitaux à un certains seuil d'activité, il a été décidé de condionner le financement des accueils de jour au respect d’une norme d’activité (6 places minimum pour un accueil adossé à un établissement d’hébergement et 10 places minimum pour un accueil autonome) et à la mise en œuvre soit d’une solution pour le transport des malades soit d'une baisse du tarif pour les familles qui organisent elles même le transport). Bref, cette prise en charge sera-t-elle suffisante, on en doute… Le problème étant que les malades en question ne peuvent bien sûr pas être pris en charge au titre de leur complémentaire santé, seule une assurance dépendance/perte d'autonomie peut à ce jour compléter l'aide de l'APA qui est rappelons-le (en plus d'être insuffisante pour faire face à la prise en charge) fortement menacée…
Toujours aucun traitement à l'horizon
À ce jour, malgré tous les effets d'annonces et un certain nombre de travaux de recherches encourageants, non seulement il n'existe aucun médicament capable de guérir les malades, mais de surcroit les avis divergent sur « l’opportunité thérapeutique » des molécules actuellement prescrites pour améliorer leur état. D'après le Pr Degos « En freinant l’évolution des lésions, les traitements retardent le développement de la maladie. Mais leur efficacité est limitée dans le temps - en général un ou deux ans, la courbe d’évolution de la maladie rejoindrait ensuite celle des malades non traités. Ajoutons à cela que tous les malades ne supporteraient pas les traitements, en raison d’effets secondaires particulièrement lourds. On attend bien un vaccin pour l'horizon 2013-2015, mais aucune certitude de ce côté là..
Question chiffre, on sait qu'en 2005 ( Source : Alzheimer Disease International,The Lancet, 16 décembre 2005. ) 24 millions de personnes étaient considérés comme souffrant de la maladie d’Alzheimer dans le monde… Sachant que le nombre de malades doublerait tous les vingt ans, cela nous porterait à l'horizon 2040 à environ 80 millions de malades. Toutes ces données ne sont - bien évidemment - que des projections. Les pays où l'espérance de vie est la plus forte sont en toute logique plus touchés par ce phénomène.
La question du dépistage généralisé
Compte tenu de ces éléments, la question du dépistage précoce est d'une actualité brulante. Mais il se trouve que la communauté médicale est quelque peu divisée sur cette question.
D'un côté le dépistage systematique pose problème car on ne sait pas guérir ces démences, et qu'en l’état actuel de la science, on n’a aucune certitude qu’une personne « à risque » développera la maladie, donc « pourquoi l’affoler et lui gâcher des années pour rien ? » d'un autre côté un diagnostic précoce « laisse toutes ses chances aux malades : si de nouveaux traitements arrivent, mieux vaut que leur état ne soit pas trop dégradé. Or une bonne prise en charge permet de bloquer pour quelque temps le processus de dégradation. D'où l'intérêt que les généralistes soient sensibilisés aux signes précurseurs de la maladie.
Pour bien comprendre la relation avec l'augmentation de l'espérance de vie, il faut savoir que d'après l’étude Paquid menée à Bordeaux par une équipe mixte CNRS/Inserm, l’incidence de la maladie d’Alzheimer est de 1,5 % entre 60 et 70 ans, de 5 % entre 70 et 80 ans, de 15 % entre 80 et 90 ans et de 40 % au-delà de 90 ans.
http://bulletin.conseil-national.medecin.fr/article.php3?id_article=215