Beaucoup de bruits, beaucoup de mots auront été entendus avant le lancement des bibliothèques idéales 2010. Aux fantasmes des censeurs, le public a opposé hier une cinglante fin de non recevoir. La salle de l’Aubette est pleine lorsque François Wolfermann, co-organisateur de l’événement littéraire, ouvre le bal. La salle rayonne et c’est un Roland Ries parfait, un tantinet voltairien et professeur agrégé de Lettres qui évoque l’altérité. Oublié sans doute l’effacement d’une citation de Céline, il revendique le droit et le devoir de débattre.
L'AUTRE : UN ALTER-MOI ?
Pour lui, l’autre est finalement un « alter-moi » qui permet de grandir et d’aller plus loin. Dans la salle Robert Grossmann sourit. Avec Eric Elkouby, ils sont parmi les seuls élus. Quelques « politiques » sont là.
À la tribune, portés par les mots de François Miclo, Alain Finkielkrauth, Renaud Camus, Jérôme Leroy, Basile de Koch et Élisabeth Lévy entament cette « Causerie » sur le rôle et la place de la littérature… dans le monde. Les deux premiers portent haut le débat et les deux derniers viennent piquer au vif l’assistance et leurs confrères.
Le débat s’élève, la salle est heureuse et lorsque la conférence se finit, ce sont vers les livres que se précipite l’auditoire. « Un bon moment » n’est-ce pas, me dit une voisine. « Oui, un de ces moments que l’on aime à partager », répondis-je.
Les absents auront eu tort et pour les autres d’autres rendez-vous restent à venir dans ces bibliothèques idéales. La soirée Nabokov avec Nina Khrushcheva, la nuit des « Mille et Une Nuits », la venue d’Eric L’homme et l’extension du programme dans les médiathèques.
DEMAIN, L'ALTER LITTERATURE
La ville de Strasbourg et la librairie Kléber peuvent sourire et celles et ceux qui aiment la littérature profiter d’un programme digne d’une capitale européenne et culturelle.
Quoiqu'il arrive et quelques furent les avis hier soir, je pense moi que la littérature n'est pas morte. Elle "mute" avec son temps et les outils du moment. Le temps de lecture a doublé avec Internet, reste alors aux auteurs à passionner les foules et de ne pas chercher que des "clients", à réussir aussi à lancer alors des invitations aux voyages vers des mondes oubliés, fantastiques (où des plongées au coeur d'une époque que l'on croit connaître) et à ceux dont c'est la charge d'éveiller autant les esprits que les consciences.
Stéphane Bourhis
Un regret : un regret peut-être, j'aurais aimé que l'on évoque plus Philippe Muray, mais ce n'était peut-etre pas le lieu. En attendant qui sait, que l'hommage de Patrice Luchini vienne jusqu'à Strasbourg éveiller les béotiens et passionner les initiés et en conseillant plus que jamais l'achat de Minimum Respect.