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C’est une histoire en deux temps. D’abord le mythe....

Publié le 19 septembre 2010 par Fabrice @poirpom
C’est une histoire en deux temps. D’abord le mythe....

C’est une histoire en deux temps. D’abord le mythe. Puis sa célébration.

Le mythe

Le Moyen-Âge. À cette époque, on sait bricoler la ferraille; certains connaissent la roue. Mais c’est tout. Toyota Prius, auto-cuiseur et iPhone 3GS sont encore à l’état de crobards gribouillés sur une serviette dans les petits papiers de Léonard de Vinci.

À cette époque également vit Siegfried, chevalier du royaume de Néerlande. Belle bête, taillée comme un bûcheron canadien. Vigoureux comme un pur sang égaré dans un champ de juments, l’animal passe son temps à chatouiller tout ce qui porte une robe et zigouiller tout ce qui porte une barbe et qui s’approche d’un peu trop près du château de son daddy d’amour.

Il tâte frénétiquement le cuisseau de la bourgeoise, certes. Il a pourtant la tête ailleurs.  Dans les bras de Kriemhild, jeune et jolie pouliche du royaume des Burgondes.

Une bombe. À faire bander un foutu pédé de peintre italien. Bien des rigolos ont essayé de lui chatouiller le frou-frou. Mais Gunther, son frère, c’est pas un commode. Il en a castré plus d’un. Avec ses dents.

Ses hommes le titillent depuis des mois. Lui ne l’a jamais vu mais ne tient plus. Il veut la voir, la faire frémir, amadouer le croque-burnes et emballer la soeurette pour le meilleur et pour le pire.

Le royaume des Burgondes se trouve là-bas, loin. De l’autre côté d’une forêt sombre et hostile. Pour la traverser, à sa disposition: sa bite et son couteau. L’engin fonctionne au quart de tour mais la lame, elle, est un peu émoussée. Trop de cous barbus l’ont fatiguée.

Alors il va voir Mime, le forgeron de son daddy. Pour qu’il lui bricole une nouvelle lame. L’ami Mime fait chauffer les fourneaux et tâte du marteau. Tandis qu’il besogne, il bavasse. Une vraie concierge.

Sur la route qui mène aux Burgondes, dans la forêt, il y a un dragon. Fafnir. Un sérieux. Un féroce. Même si t’es bien monté, c’est pas avec ta nouille de cheval que tu vas l’assommer. Par contre, bien équipé, si t’arrives à le saucissonner, c’est cent pour cent bénéf’. Baigne-toi dans son sang et tu seras invincible. T’auras la peau dure comme la pierre.

Mime la boucle enfin et, solennellement, lui tend sa nouvelle lame. Avec laquelle, quelques semaines plus tard, dans la forêt sombre et hostile, Siegfried taillade le dragon sérieux et féroce. Le sang de Fafnir coule à flots. Le guerrier tombe l’armure et, zguègue à l’air, soulève la carcasse de la bête pour faire pisser les globules rouges sur sa peau. 

C’est ce moment singulier que choisit une feuille pour tomber d’un arbre. Elle virevolte délicatement dans la fraîcheur forestière avant de finir sa course sur l’épaule de Siegfried, un court instant avant que le sang ne recouvre sa peau. Bain de sang de la tête aux pieds, fraîcheur forestière, séchage, peau dure comme la pierre sauf là, sur l’épaule, où s’est posée cette feuille. 

Siegfried revêt son armure et reprend la route. L’histoire continue mais le mythe s’arrête là, sur cette feuille tombée d’un arbre.

Une feuille cousue sur la veste rouge de K-Pu, qu’elle porte à la mi-saison.

Il y a une tâche de javel. J’ai découpé la feuille sur un tissu à motifs et je l’ai cousue là pour planquer la tâche.

Un truc improvisé, élégant et décalé.

Un truc à son image.


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