John aime Molly. Molly aime John. Cyrus, le fils de Molly, coincé entre adolescence et âge adulte, n’aime pas John. De ce pitch de départ, les frères Duplass tissent un film à la croisée de trois genres toujours difficiles à concilier : comédie à gag, thriller et comédie romantique. Et le résultat est surprenant.
On a beaucoup - trop - parlé des productions Apatow et de cette nouvelle vague de comédies américaines, douces-amères et aussi drôles que touchantes, voire gnangnan. Après le catastrophique American Trip (ou Bring him to the Greek en VO) et le sympathoche Be Bad (ou Youth in Revolt en VO, mais que font les distributeurs ?), on avait l’impression que Cyrus avait un peu manqué le coche de l’été et que, malgré la présence de John C. Reilly et de Jonah Hill, on avait plus affaire à un petit drame indé américain.
En fait, Cyrus fait partie d’un courant qui va - attention, prophétie fraîche - tout déchirer. Le mumblecore, ce sont des films à petit budget, tournés en numérique, avec des acteurs non pro et des dialogues improvisés. Minorité visible depuis 2002 environ, ce courant a eu les honneurs d’une sortie française l’année dernière avec Humpday, dans lequel jouait un des réalisateurs de Cyrus.
La boucle étant bouclée, penchons-nous sur ce Cyrus. Produit par Fox Searchlight - donc indé mais pas vraiment, le film a été toutefois largement improvisé par les acteurs et son esthétique HD et caméra à l’épaule a de quoi surprendre. Y a du beau monde : Jonah Hill donc, John C. Reilly, Catherine Keener et Marisa Tomei. Dès les premières minutes du film, on sent un truc différent, une histoire racontée par les personnages et les actions plus que par des clichés et des scènes déjà vues.
On s’installe et on assiste alors à ce mash up compliqué entre thriller (Jonah Hill en ado malade, terrifiant un couteau à la main comme en train de jouer du synthé), comédie romantique et gags. C’est légèrement osé, mettant en avant des gens vraiment quelque chose : vraiment malades, vraiment amoureux, vraiment honnêtes. On reste même surpris par le personnage principal qui est un vrai good guy comme on aimerait en croiser plus souvent dans un cinéma américain plein de préjugés et d’idées arrêtées.
Cyrus n’est clairement pas le film le plus drôle de la décennie mais c’est la comédie la plus honnête et la plus flippante qu’on ait vu depuis longtemps. Et ça fait du bien de voir du sang neuf, vraiment neuf, s’infiltrer dans Hollywood avec autant de charisme. Go go mumblecore !
Sortie le 15 septembre 2010