Vous espérant fidèles au rendez-vous, frais et "requinqués", comme on dit en Belgique, après de profitables vacances, je vous propose aujourd'hui, amis lecteurs, d'entrer dans le vif du sujet précédemment annoncé : la troisième vitrine de la salle 5 du Département des Antiquités égyptiennes du Musée du Louvre que les Conservateurs, à la différence notoire des deux précédentes que nous avons détaillées tout à loisir une année durant et qui nous ont permis de mieux connaître l'animal en tant que providence de l'homme, - selon le titre que donne l'égyptologue suisse Philippe Germond à un des chapitres de son magnifique Bestiaire -, ont choisi de dédier cette fois aux animaux familiers des Egyptiens de l'Antiquité.
Dans notre monde contemporain, qui dit animal de compagnie sous-entend presque exclusivement les chiens et les chats, amis de millions d'hommes. Cette acception convient évidemment aux habitants des rives du Nil même si, comme nous le constaterons dans quelques semaines, il convient d'y ajouter les singes.
Aujourd'hui, vous me permettrez d'uniquement considérer ces petits félins que sont les chats, non pas certes parce que sur le chemin de notre retour de vacances en France nous avons eu l'opportunité de traverser, sous une pluie battante, Saint-Sauveur-en-Puisaye, dans l'Yonne, la patrie de Colette ou que, amateur d'histoire et de littérature, je ne peux manquer d'ignorer que certains d'entre eux sont devenus les complices de grands personnages célèbres : de Louis XV à Charles de Gaule en passant par Colbert, Clémenceau, Churchill ou Bill Clinton ; mais aussi de Montaigne à Jean Cocteau, sans oublier Malarmé, Malraux, Georges Sand, Hemingway - qui en eut une trentaine - et Paul Léautaud, quelque trois cents ...
Evoquant les chats dans cette introduction, je ne puis passer sous silence l'oeuvre d'une artiste que j'apprécie énormément parce qu'elle vogue à la frontière du symbolisme et de ce surréalisme que l'on vit quasiment au quotidien en Belgique : il s'agit de Leonor Fini qui n'a cessé de les représenter sous diverses formes d'art.
Non, mon choix d'entamer par le chat l'étude des pièces exposées dans cette vitrine résulte tout simplement du fait que je n'ai point encore eu l'opportunité de précédemment l'évoquer, à la différence du chien et du singe, sur lesquels, néanmoins, je me propose de revenir dans de prochains rendez-vous ...
Alors qu'il semblerait qu'aucune représentation de chat ait été découverte dans les grottes ornées européennes datant de la Préhistoire, il appert qu'entre cette époque et la période romaine à laquelle il est introduit chez nous pour, bizarrement, devenir au Moyen Âge, à tout le moins aux yeux de l'Eglise qui le condamnera, un des suppôts de Satan (!!), le petit animal, apprécié, domestiqué, divinisé même fit partie intégrante des mammifères que les Egyptiens en un temps donné momifieront, auxquels ils éléveront des temples et pour lesquels ils aménageront des cimetières aux fins de les inhumer dans des cercueils en bois, voire en bronze qui peu ou prou épouseront leur silhouette.
Sans certitude aucune en vérité, sans source éthologique définitive quant à ses origines véritables, il est de nos jours communément admis que le chat africain - Felis chaus, selon la terminologie savante - figure parmi les ancêtres potentiels, tout comme d'ailleurs le Felis silvestris libyca.
Pour compliquer les choses, aux chats que nous connaissons actuellement, certains scientifiques veulent voir une origine asiatique, indienne en fait, qui serait issue du chat orné (Felis silvestris ornata). Quoiqu'il en soit, africain ou asiatique, l'animal, d'évolution en mutation, de l'état sauvage à celui de domestiqué, a aujourd'hui donné naissance à plus de trois cents races distinctes.
Ceci posé, je résumerai en notant simplement, suivant en cela la classification que proposait le Professeur Georges Thines, de l'Université de Louvain, qu'à partir du chat sauvage Felis silvestris, trois sous-espèces ont évolué :
* Felis silvestris ornata (steppes d'Asie)
* Felis silvestris silvestris (chat sauvage d'Europe centrale)
* Felis silvestris libyca (chat sauvage d'Egypte - ancêtre de notre chat domestique)
C'est donc de ce dernier qu'il va essentiellement être question dès mardi prochain 28 septembre ...