Une exposition, c’est un artiste qui montre son travail, n’est-ce pas ? Sauf que quelquefois, c’est le commissaire qui montre le travail de l’artiste à sa manière. Et d’autres fois, ce n’est pas le travail de l’artiste qui est montré, mais autre chose. Quoi, autre chose ? Un ensemble, un réseau, des liens, une symphonie de travaux d’autres personnes (artistes, artisans, écrivains, poètes, musiciens, danseurs éventuellement), que l’artiste “exposé” a commandés, pilotés, invités ou accueillis, qu’il a mis en forme, mis en espace, orchestrés. Les deux expositions de l’aile Sud du Centre Pompidou exemplifient à merveille ces deux cas de figure : l’exposition Orozco, si différente de celles de New York et de Bâle, porte avant tout l’empreinte de la commissaire, et on y juge le travail de celle-ci autant, sinon plus que celui de l’artiste (et on peut l’apprécier, ou, comme moi, pas).
Et tout cela tient ensemble, et fort bien. Il y est question d’humour et de mort. Il y est surtout question de Saâdane Afif et de ses efforts pour introduire une nouvelle forme d’exposition (”mon médium de prédilection”, dit-il), un nouveau rôle pour l’artiste, une délégation à inventer, un rôle d’incitateur, de chef d’orchestre, de confluent, qui peut dérouter, mais qui est peut-être une évolution aussi importante que le fut Jardin-Théâtre Bestiarium en son temps. Peut-être. Et en plus, ce qui ne gâche rien, c’est drôle. Didi-Huberman rime avec Superman (Laetitia Paviani). Jusqu’au 3 janvier 2011.
* “un mec dont le nom est Triste” (Tacita Dean)
Photo 1 de l’auteur; photo 2 courtoisie du Centre Pompidou (G. Meguerditchian)