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La triple physionomie de M. Pardessus

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La triple physionomie de M. Pardessus
[Avocat] : [dessin]
Source: Bibliothèque nationale de France

Si l’on souhaite se faire une idée des normes sociales et intellectuelles du premier XIXe siècle, la carrière de Jean-Marie Pardessus (1775-1853) est exemplaire. Pour comprendre la vie et l’œuvre de ce juriste français, fondateur de l’enseignement du droit commercial, la Révolution française est une clé de lecture essentielle.
Jean-Marie Pardessus est directement plongé dans la tourmente révolutionnaire, période au cours de laquelle il exerce l’activité de « défenseur officieux », notamment pour le compte de prêtres insermentés et d’émigrés. Son frère, engagé dans l’armée royaliste vendéenne, est fusillé, et il prend la défense de son père, au moment où cet avocat au présidial de Blois et disciple de Pothier est suspecté par le tribunal révolutionnaire. Dès lors, Pardessus ne cesse de se ranger au cours de sa vie du côté des royalistes et des garants du maintien de l’ordre. Il soutient notamment, en 1825, l’adoption de la loi pour l’indemnité des émigrés.
A l’occasion de la retentissante affaire Clément de Ris en 1800, qui dévoile les complots et les tractations auxquelles se livrent en coulisse les tenants du pouvoir politique, il prend la défense des accusés, réputés royalistes de connivence avec Fouché.
Activité politique et carrière professionnelle sont intimement liées : Jean-Marie Pardessus est un notable local, dans sa ville natale de Blois, où il est successivement juge suppléant au tribunal, adjoint au maire puis maire en 1805. Il est député du Loir et Cher entre 1807 et 1823, puis des Bouches-du-Rhône, entre 1824 et 1830, et conseiller à la Cour de cassation dès 1821.  Une autre Révolution, en 1830, bouleverse à nouveau sa carrière. Par fidélité à la branche aînée des Bourbons, il cesse toute activité politique et se consacre alors à sa passion pour l’histoire, en participant à des entreprises d’édition des sources, qu’il soumet à une « critique sévère mais éclairée », ainsi que le remarque en 1829 Le Journal des sçavans : par exemple un mémoire sur l’origine du commerce de la soie, une Collection de lois maritimes antérieures au XVIIIe siècle ou encore des Ordonnances des rois de France de la troisième race et leur Table chronologique. Il est membre de l’Institut depuis 1828 et reste en contact étroit avec le barreau, ce qui lui permet d’associer étroitement, dans ses écrits, doctrine et pratique.
De son activité de juriste, on retient surtout qu’il est le premier occupant de la chaire de droit commercial à la Faculté de droit de Paris. Il rédige une œuvre de doctrine incluant un Traité des servitudes en 1806 et dont la presse se fait l’écho.
« La mort l’a trouvé debout et ne l’a pas surpris », écrit en 1853 Le journal des débats politiques et littéraires, alors qu’il revient sur la carrière de cet avocat érudit et passionné.

Catherine Blum - Direction des collections, département Droit, Economie, Politique


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