J.H.Prynne (Jeremy Hester Prynne) est un des poètes anglais actuels les plus discrets dans son pays et les plus admirés à l’étranger. Né en 1936 en Angleterre il fit partie (avec Peter Riley) d’un groupe rénovateur autour de Cambridge où il enseigna. Il publia une poésie de plus en plus dense chez de petits éditeurs, se coupant volontairement d’un lectorat plus large : il refusa qu’on reproduise ses poèmes dans les anthologies de poésie anglo-saxonnes courantes (même dans celle, progressiste, de Keith Tuma). Prynne se lia d’amitié avec l’inclassable érudit biblique Bernard Dubourg qui devint son premier traducteur en français. Il enseigna aussi à Nankin et ses flottements syntaxiques peuvent évoquer un aspect de la poésie chinoise (qu’il a aidé à traduire). Si ses débuts rappellent un lyrisme méditatif sur la nature à la Wordsworth – qu’il a commenté – modernisé, sa voix (par exemple dans Brass, 1971) devient peu à peu impersonnelle, traversée par les effets de la politique et de l’économie sur l’individu. A partir des années 90 cette voix devient celle du poème, enchevêtrement de fils polysémiques qui tissent un patchwork étrange ou beau. Ainsi le premier poème du cycle For the Monogram (1997) évoque à la fois un paysage (mer triste) et une musique (mélodies battantes), le vocabulaire élargit l’angle de vue (géologie, astrophysique), l’ironie couve (accord, complot, oblique), certains mots ne semblent pas suivre leur sens habituel. Un critique a, de plus, discerné des allusions à Hiroshima (les bombes Little Boy et Fat Man, la brûlure d’ions). C’est cependant le poème en son entier qui résonne au mieux de tous ses échos sémantiques, marbre veiné de couleurs, griffé de monogrammes hermétiques. La reconnaissance de JH Prynne en Angleterre, où il est apprécié par les nouveaux avant-gardistes (Barque Press), a commencé tard, avec la réédition de toutes ses plaquettes en un fort volume qui entame sa troisième édition révisée : Poems chez Bloodaxe. En France il fut accueilli pour des lectures par les poètes Jérôme Game et Pierre Alferi (avec Double Change).
Bibliographie sélective :
Kitchen Poems, Cape Goliard 1968
Brass, Ferry Press 1971
Wound Response, Street Editions 1974
High Pink on Chrome, auto-édité 1975
News of Warring Clans, Trigram 1977
The Oval Window, auto-édité 1983
Bands Around the Throat, auto-édité 1987
Word Order, Prest Roots 1989
Her Weasels Wild Returning, Equipage 1994
For the Monogram, Equipage 1997
Pearls That Were, Equipage 1999
Triodes, Barque 2000
Biting the Air, Equipage 2003
Blue Slides at Rest, Wunderhorn 2004
Poems, Bloodaxe Books, Newcastle (l’édition de 2005 reprend toutes les plaquettes autorisées jusqu’à cette date)
To Pollen, Barque 2006
STREAK〜〜〜WILLING〜〜〜ENTOURAGE ARTESIAN , Barque 2009
Traductions en français :
dans Po&Sie n° 98, par Bernard Dubourg
dans Quaderno n°4, par Pierre Alferi
dans Ligne 13 n°1, par Abigail Child
Sitographie :
- article du quotidien The Guardian sur la difficulté de Prynne pour les Britanniques (en anglais) :
- un poème de J.H.Prynne commenté dans Jacket n°6 (en anglais) :
par Jean-René Lassalle