OSMONDE ROYALE
1.
Dans les perles tu dors, sous une charge de bons.
Comment peux-tu m’aimer en rêve,
toujours errant de champ en champ.
Tu continues à dormir, grain soufflé par la neige.
2.
File ses liens depuis la crête.
Et chantant avec je cours, à moitié
effrayé, hors de l’ombre brûlante.
L’amour me tient sur la piste du maillet.
3.
Dans sa jeunesse il a marché beaucoup.
Des larmes ruisselaient sur sa face sans plis,
humectant sa chemise. Le sommeil brasille
dans ses perles, hypnose aveuglant l’aile.
4.
Encore calme neige fredonne, quérant ma vie :
la douleur à venir, encore la clé
cherche abri dans l’étui au chiffon.
La clé est le tranchant de notre jour.
5.
Là un fiat fait un créneau au bord.
Nous l’entendons éteindre, et lui
rêve du vide. Dans les temps,
soupe pour le père dans les grands verts.
6.
Maintenant la famille se resserre. Dans un
diadème doré ils pleurent les vieilles peurs.
Il y a chaleur ici, le sycomore
blanchit enfin. Pour garder son sien. Amassant.
J.H. Prynne : Brass (1971), réédité dans Poems (Bloodaxe, Newcastle 2005)
traduit de l’anglais (britannique) par Jean-René Lassalle
ROYAL FERN
1.
By the beads you sleep, laden with scrip.
How can you love me in dream,
always walking from field to field.
You sleep on, seed by snowy drift.
2.
In strings it bales from the crest.
And singing with it I run, half
fearingly, out of the hot shade.
Love holds me to the mallet path.
3.
In his youth he walked much.
Tears streamed down his unlined face,
damping his shirt. Sleep glows
in its beads, staring the wing blind.
4.
Still the snow hums, fetching my life:
the pain to come, still the key
takes cover in the chamois case.
The key is the edge of our day.
5.
So the fiat parks by the kerb.
We hear him switch off, he is
dreaming of the void. In time,
soup for the father in open green.
6.
Now the family is rejoined. In a
gold circlet they weep of old fears.
It is warm here, the sycamore
pales at last. His to keep. Amass.
J.H. Prynne : Brass (1971), réédité dans Poems (Bloodaxe, Newcastle 2005)
•••
À un point mélodies battantes et frappant la plaque pour
sylvicole fracasser tombant là pas si effondré
comme en accord sur ses positions ; démarre délaisse ces foules
pas de ciel libre inversement. Lèveras-tu poignard sur l’étole
pour un nouvel arc jeté bas si quand supplié dans la cinquième
à grands pas, flottant à travers barres en noir ? En vert
éclair raclant brûlure d’ions ? Pourquoi fendraient-ils jamais
une dent vite gâchant par ricochet et doux
bercement de choc, à chanter et mourir le long du rivage
de la saison rugissante : il orientera son meilleur
œil sur le trop petit garçon planétaire, trois jours plus tard
découvrant l’homme trop gros. Flottante étoile, même dessus les
notes d’un complot radial et dédale ou vocalisé par
les tristes manières de la mer. À flot oblique et tanguant
par là monoclinal en accord pour interruption
d’ailes, ployant chardon sous l’orchidée de mélancolie.
J.H. Prynne, For the Monogram (1997), réédité dans Poems (Bloodaxe, Newcastle 2005).
Traduit de l’anglais (britannique) par Jean-René Lassalle.
At a point tunes beating and striking the plate for
sylvatic break and drop there not so sunken away
as in stay-put agreement; set off put off these crowds
no free sky conversely. Will you jag up the tippet
over a new bow thrown down if for implored at five
apace, floating across bars in black? In green
flash scraping ionic burn? Why ever not they split
a tooth and spoil quickly by ricochet and fine
tremor’s lull, singing and dying along the shore
of the loud-roaring season: he’ll position his
best eye at the planet boy too little, in three days
notice of man too fat. Floating star, even up the
score of a radial plot and maze over or spoken by
the sad sea ways. Afloat oblique and limping
at this the monocline in agreement for interrupted
wings, nodding thistle to melancholy orchid.
J.H. Prynne, For the Monogram (1997), réédité dans Poems (Bloodaxe, Newcastle 2005).
Par Jean-René Lassalle
Bio-bibliographie de J.H. Prynne
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