Retraites, le bal des faux-culs

Publié le 20 septembre 2010 par Lheretique

C'est marrant, mais je suis sceptique depuis un moment face à la fameuse retraite à 60 ans du PS. Sur le fond, d'ailleurs, je ne la pense pas vraiment plus néfaste que le projet de Sarkozy, au sens où ce qui compte, c'est la durée de cotisation. J'avais bien noté que Martine Aubry n'était pas très à l'aise à ce sujet.

Bon, mes lecteurs me connaissent : ils savent que je n'hésite pas à aller farfouiller dans les programmes quand je veux m'informer. Or, j'ai trouvé ceci dans le programme du PS sur les retraites : 

Les socialistes proposent des points d’étape réguliers tous les cinq ans avec les partenaires sociaux et une clause de rendez-vous globale sur le système des retraites en 2025. En cas de nouveaux besoins, il faudrait chercher toutes les sources possibles de financement. Si un allongement de la durée de cotisation devait être envisagé, celui-ci ne devrait pas excéder la moitié des gains d’espérance de vie, alors qu’aujourd’hui il représente deux-tiers d’allongement d’activité, pour un tiers de temps de retraite.

Amusant, non ? Parce qu'avoir droit à la retraite à 60 ans, c'est bien joli, mais ça te fait une belle jambe, si tu n'as pas tes annuités...

Bon, Bayrou n'était pas si loin de la vérité en déclarant que le PS envisageait l'allongement sans limites de la durée de cotisation. Il y en a une, et je vais vous la calculer :

par exemple, en 2002, l'espérance de vie pour les hommes était de 75.8 ans. En 2010 elle est de 77.8 ans. Donc, le PS envisagerait que de 2002 à 2010, il faille une annuité de plus pour toucher sa retraite à taux plein. Il suffit de transposer leur calcul sur les projections à 30-40 ans pour déterminer ce qu'il prépare.

En 2050, l'espérance de vie serait de 89 ans pour les femmes, 84 pour les hommes. Tac, un peu plus de trois annuités supplémentaires pour avoir sa retraite, soit au minimum 45 annuités. La retraite à 60 ans, à ce moment-là, ce ne sera plus que pour ceux qui ont commencé à travailler illégalement à 14 ans...Avec la généralisation des études longues, la retraite à 60 ans ne sera plus qu'un joli air de pipeau, sauf à s'habituer à vivre avec trois fois rien...

Et pour les retraites du public, peut-être que ceux qui comptent s'engager dans la fonction publique devraient lire la fin du document : 

Cependant, la réforme doit tenir compte du sentiment d’injustice très répandu parmi les salariés du privé. Nous proposons donc un principe simple. Les agents des fonctions publiques déjà engagés dans leur carrière se verront maintenir les règles actuelles, car on ne change pas un contrat en cours de route. Pour l’avenir de la fonction publique, nous proposerons des négociations approfondies avec les syndicats pour de nouveaux rapprochements entre les retraites du public et du privé correspondant à une revalorisation des rémunérations dans la fonction publique.

Oh, je ne vais pas me plaindre de cette position : elle n'est pas loin de ce que proposais il y a quelque temps sur mon blogue. Simplement, il vaut mieux le dire clairement...et...un peu plus fort...!