Entre ces incessants rappels de son passé, de cette date fatidique et aujourd’hui, année transitoire 2008, Helen se raconte. Réminiscences de Cal., son quotidien, ses quarts de travail qui perturbaient son horaire et son sommeil. Le parcours de chacun des ses enfants éprouvés par la mort précoce de leur père. L’énergie brute qu’il a fallu pour garder sa famille en marche. «Helen voulait entendre juste un cri pour montrer qu’il savait ce qu’il laissait derrière. Un cri pour reconnaître qu’elle devrait désormais élever quatre enfants et cela dans la solitude. Qu’il lui faudrait s’en sortir sans amour.»
Helen a mémorisé les si et peut les réciter comme on égrène un rosaire. Si les hommes avaient eu l’information nécessaire, s’ils avaient abaissé le contre-hublot, si l’eau n’avait pas provoqué un court-circuit du tableau de commande, si Cal avait eu un autre quart de travail, si Cal n’avait jamais décroché ce boulot, s’ils n’étaient pas tombés amoureux, s’ils n’avaient pas eu les enfants. Si…
Roman attachant, émouvant, le deuil de toute une vie, une femme au chagrin inconsolable, une famille qui au long des pages, on aurait grandement apprécié à connaître plus intimement, quelques longueurs parfois, mais si peu, on remarque ce style très particulier des provinces maritimes, un climat omniprésent, ses glaciales pluies torrentielles, ses neiges quasi éternelles, ses vents incessants et cette chaleur humaine face à l’adversité. Un roman qui grandit, qui se bonifie au fil des mots.