Tiré d'une histoire vraie, le nouveau film de Xavier Beauvois Des Hommes et des dieuxest un véritable hymne à la vie. En 1996, la tranquillité du monastère de Tibéhirine en Algérie (bien que le tournage se soit déroulé au Maroc) est mise à mal par le terrorisme du Groupe Islamique Armé (GIA) qui égorge à tour de bras les étrangers. Les moines catholiques français qui vivent en paix avec les villageois musulmans, décident cependant de rester et n'acceptent pas la protection de l'armée. Ils signent leur arrêt de mort lorsqu'un soir de Noël, ils refusent de donner aux terroristes les médicaments destinés aux villageois.
Mais c'est ce soir là qu'ils renaissent avec le Christ: rester, c'est dire que la vie est possible partout, c'est affirmer sa liberté et choisir la paix dans la solidarité: les fleurs ne se déplacent pas pour chercher une autre place au soleil, rappelle un des sept moines. Ils continuent donc de vivre coûte que coûte pendant environ deux ans, de prier, de soigner, de bêcher la terre, de partager les repas, jusqu'à l'ultime Cène, sur fond de Tchaïkovsky, comme le chant d'un cygne.
On s'attache à ces hommes, humbles héros, guidés par le courage et par la foi. Ces hommes incarnent la liberté, non pas de mourir en martyrs, mais celle de vivre et de porter en eux l'incarnation de leur dieu, simplement, dans la paix. "Laissez passer l'homme libre" dit Frère Luc, le médecin (Michael Lonsdale).
Et c'est cette liberté martelée dans ce paysage austère et reculé qui nous rappelle à la "vraie vie", à l'harmonie d'une vie en communauté, d'une fratrie soudée par l'amour qui, aujourd'hui, devient exceptionnelle.