Janua Vera

Auteur:Jean-Philippe Jaworski
Editeur: Les Mouton Electricques, Gallimard
Pays: France
Premiere publication: 2007
Pages: 488 (poche)

Janua Vera est un livre de Fantasy qui comprends huit nouvelles dans sa version poche. Une nouvelle édition du livre sortie en Avril dernier aux éditions Les Moutons Electriques voit l’ajout d’une nouvelle supplémentaire.

Sommaire: Janua Vera, Mauvaise Donne, Au service des dames, Une offrande très précieuse, Conte de Suzelle, Jour de guigne, Un amour dévorant, Le Confident.

Je n’ai jamais été un fan de Fantasy sur papier. Je me perds toujours dans la densité des univers racontés et je n’accroche pas vraiment au genre. Mais après un coup d’oeil à Janua Vera, je savais que je tenais dans ma main un chef-d’oeuvre qui allait me réconcilier avec le genre, même si le livre est à mille lieux de ce qui se fait d’habitude en Fantasy.

Ce qui fait la force de l’ouvrage, c’est le talent de son auteur, Jean-Philippe Jaworski, qui, au travers de huit nouvelles, passe d’un genre à un autre: espionnage, cape et épée, policier, comédie, horreur… L’auteur ne s’encombre pas à décrire un univers, il nous propulse directement dedans à la découverte de personnages forts et attachants. Il place l’homme au centre de l’histoire.

Ici, la Fantasy est minime. On y croise quelques êtres magiques et un ou deux sorts sont jetés, le reste est inexistant. La surnaturel est discret afin de mettre les qualités et défauts des personnages en avant, ainsi que leurs sentiments et conflits intérieurs. On se sent donc très proches de chacun des héros de ces nouvelles, leurs histoires nous touchent profondément.

Le recueil commence avec la nouvelle Janua Vera qui nous raconte le désespoir du Roi-Dieu Leodegar, souverain du Vieux Royaume, qui est hanté par un même cauchemar et qui néglige les affaires du Royaume. Une nouvelle forte qui décrit un personnage puissant en prise avec ses démons, et par là même une plongée directe dans l’univers du livre.

On enchaîne ensuite avec Mauvaise Donne qui relate l’exécution d’une mission d’assassinat par Benvenuto Gesufal qui au final tourne mal. Un récit qui va méler action et intrigue politique dans les rue de la ville de Cidulia. Au service des dames fait preuve d’une écriture très soutenue sur le thème de la courtoisie dans la chevalerie.

Une offrande très précieuse nous raconte la fuite d’un guerrier après que sa troupe se soit faite décimée. Un récit empreint de mysticisme dont les descriptions guerrières sont très réussies. Conte de Suzelle est ma nouvelle préférée, un récit vraiment touchant qui raconte la vie et mort d’une paysanne qui, ayant aperçu un être magique dans son enfance, attends son retour années après années. C’est vraiment triste et très réaliste dans la façon de décrire la vie paysanne.

Jour de guigne lorgne du côté de Pratchett, une nouvelle légère qui raconte les déboires d’un scribe maudit qui passe sa journée à être victime d’une maladresse exacerbée. C’est très drôle et apaise entre deux récits plutot tristes. On continue avec Un amour dévorant, une enquète policière qui débouche sur une histoire de fantômes. Un récit sombre qui fait froid dans le dos.

Enfin, Le Confident clôt ce recueil tout en noirceur puisqu’on y suit un membre du Culte du Desséché, une religion du Vieux Royaume à l’écoute des morts. Texte sombre et lugubre.

Voilà, Janua Vera captive les lecteurs par une écriture très maitrisée et un mélange des genres original. Jaworski ne s’encombre pas d’un univers, ce dernier est simple et se décrit au travers des personnages le peuplant. L’auteur met l’homme au centre de son récit à travers huit nouvelles au ton général plutot sombre. On en redemande. Un premier livre réussi.

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