Littoral, de Wajdi Mouawad
Lorsque l’on est totalement bouleversé, époustouflé par une œuvre quelle qu’elle soit, on tente vainement d’en parler à son entourage encore submergé par l’émotion. Ainsi, on dit souvent que l’œuvre en question parle de la vie, de la mort, que c’est beau, que c’est juste… Mais c’est toujours une déception car en disant cela, il est évident qu’on ne dit rien, est-ce là la limite de l’écriture, du « rendre intelligible » ?
J’ai vécu une telle expérience samedi dernier en assistant à la trilogie de Wajdi Mouawad au théâtre national de Chaillot. Trois pièces de théâtre se succèdent pendant 11h30. Comme la plupart des gens, j’ai d’abord cru que ce serait le temps, et sa longueur, que j’allais expérimenter. Erreur, ici le temps n’est plus, il disparait, nous sommes dans la vie et non dans sa représentation comme on pourrait le croire étant donné qu’il s’agit de théâtre. Cet auteur, metteur en scène de génie, réalise un miracle puisqu’il ne nous parle pas de la vie mais nous la fait vivre. La douleur, la joie, les plaisirs, les rires, c’est bien nous qui les vivons.
Je vous livre sa vision de l’artiste :« Un artiste est un scarabée qui trouve, dans les excréments mêmes de la société, les aliments nécessaires pour produire les œuvres qui fascinent et bouleversent ses semblables. L’artiste, tel un scarabée, se nourrit de la merde du monde pour lequel il œuvre, et de cette nourriture abjecte il parvient, parfois, à faire jaillir la beauté. »
Fiona Banner, Unbroken Heart, 2003
Je tenais également à vous parler de l’exposition qui se tient en ce moment au MACVAL de Vitry-sur-Seine « Emporte-moi ». La thématique à elle seule vaut le déplacement : l’Amour. Vous savez le beau, le fantastique, le vrai, celui qu’on cherche tous comme des damnés en se racontant des tas d’histoires alors qu’il suffit juste, parfois, souvent, d’ouvrir les yeux, d’arrêter de le fantasmer pour qu’il devienne réalité.
Non, bien sûr, il n’est pas question que de ce bel amour, mais de tous les autres qui détruisent comme dans une vidéo de Sam Taylor-Wood où un couple rejoue ad nauseum une dispute comprenant tous les clichés du genre.
François-Xavier Courrèges, quant à lui, choisit de nous présenter la mort venant briser l’amour en filmant la vie de deux inséparables, charmants oiseaux. Nous les observons blottis et se frottant l’un contre l’autre mais l’un des deux meurt. Alors, nous suivons la vie de celui qui reste dont les forces l’abandonnent inexorablement jour après jour et qui meurt à son tour.François Xavier Courrèges, Another Paradise, 2005, vidéo couleur
Résumons et concluons en citant la facétieux Robert Filliou « L’art, c’est ce qui rend la vie plus intéressante que l’art ».
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Pour tout savoir sur les spectacles de Wajdi Mouawad : http://www.wajdimouawad.fr/
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Le MAC/VAL est ouvert de 12h à 19h tous les jours de la semaine sauf le lundi.
Du 7 mai au 19 septembre 2010 : Emporte-moi / Sweep me off my feet