Passionné et passionnant, Jean-Paul Becvort, directeur artistique du Festival Occitania, nous donne les raisons d'un tel évènement et les tendances actuelles dans une conversation où la tolérance et l'universalité culturelle sont les clés de voûte.
Quel est l'objectif d'un tel évenement?
L'objectif majeur est de diffuser la création occitane d'aujourd'hui. Avec Occitania, on rentre dans une démarche d'ouverture, une démarche d'universalité. C'est à dire qu'on le propose à tous. La culture est une magnifique banque de données à la portée de chaque individus.
Et pourquoi un sous titre comme "Entre duas mars"?
Le festival possède un sous titre depuis la première édition. Le principe nous permet de mettre en avant les liens effectifs avec les autres cultures. Car, la culture est une dynamique humaine sans frontières et constamment en dialogue les unes avec les autres. On a même eu un sous titre "le Nord d'un autre Sud" pour démontrer notre relation avec la culture méditerranéenne. Depuis 3 ans, on l'intitule "L'Entre duas mars" pour parler d'un univers entre deux mers mais aussi entre deux mondes.
C'est aussi une question de flux culturel.
C'est le mot : Flux. C'est la conception de l'universalité du monde. Il n'y a pas de frontière car le savoir est un élément moteur de l'humanité. Même si il y a des barrières, toutes les cultures ruissellent. Une culture, comme l'occitan, apporte aux autres comme elle leur prend.
Il n'y a pas une peur de voir un repli communautaire autour d'une culture à l'heure de l'uniformisation des cultures justement?
Très bonne question. Mais, pas du tout. Il n'y a surtout pas l'idée de communautarisme. La culture est universelle dès le départ. Il y a une langue, tout comme le reste, qui appartient à tout le monde. Il est donc important de garder les langues vivantes, par exemple, dans le monde de maintenant. Faut savoir que l'essentiel des langues sont menacées. Les langues sont des discours. Et, un discours est la démocratie. C'est donc nécessaire pour une plus grande pluralité culturelle. Autant dire, un atout pour l'humanité. Plus humblement, je crois qu'à notre échelle, on participe à un travail sur la pluralité du monde.
Y avait-il un besoin ou une demande pour un festival occitan?
On avait une demande récurrente. Et puis, nécessairement, on s'est tourné vers Toulouse car c'est une ville importante et au milieu du pays occitan. L'urbanité est un atout majeur.
Parlons de cette 11e édition du Festival Occitania. Depuis déjà plusieurs années vous vous tournez vers le continent africain. Pourquoi?
Il y a tout simplement des liens historiques très anciens, de près de 4 000 ans. Notamment, et ce n'est pas écrit dans les livres d'histoire, de présence africaine en Europe. Il y a aussi les liens actuels. L'an dernier, pour exemple, nous avons donné une tribune au Cameroun. Ils parlent deux langues. 6 langues historiques y sont menacées. On a donc un problème commun : préserver nos langues historiques. Cette année, on compte mettre en évidence la musique africaine mais aussi des débats sur la présence africaine en Europe depuis des millénaires.
Cette année le programme est une nouvelle fois bien chargé. On retiendra notamment des événements fort comme La grande nuit d'Occitania le 16 octobre.
C'est une soirée énorme. Elle concentre de nombreux artistes et des formations programmés le même soir. Comme la saison dernière, on va la capter en vidéo pour une sortie en DVD, sous-titré dans de multiples langues, pour une diffusion publique et professionnelle. L'idée est de faire un peu comme l'émission Taratata.
Et, le fameux marché?
Lo Mercat Occitania s'installe une nouvelle fois au Capitole. On essaye par l'intermédiaire de ce marché de démontrer que l'Occitan peut être un atout économique. Comme les produits basques ou bretons. La qualité est aussi bien occitanne. Et, peut être un vecteur économique. Les objectifs sont clairs et tiennent en trois points. Donner à voir des produits qui utilise l'occitan. Encourager ceux qui veulent y passer. Enfin, ouvrir le dialogue avec la Chambre de commerce et d'autres collectivités. Il faut une référence territoriale forte au final pour progresser dans le secteur économique. Mais, je remarque de plus en plus, que les industriels comme les artisans utilisent cette langue comme vecteur de promotion et d'appartenance. Pour mieux, se démarquer.
Pour conclure, que devons nous retenir ou voir?
Il y a un autre évènement majeur qu'il ne faut pas oublier : l'inauguration. On organise un grand défilé dans les rues toulousaines avec costumes et aussi des cavalets et des géants. C'est une belle tradition qu'on retrouve au Pays-Basque comme en Aragon. C'est la preuve qu'on peut se relier à toutes les cultures.
Aller plus loin...
Agenda du Festival Occitania 2010