Le cyclisme, c’est bien connu, est un sport individuel qui ne s’exprime que dans la collectivité. Cet adage, Vicenzo Nibali, vainqueur du Tour d’Espagne cette année l’applique dans son intégralité. Non seulement Nibali gagne grâce à ses efforts mais encore il tire profit de ceux d’une équipe Liquigas toute entière à sa disposition et en particulier ceux du représentant de la République tchèque Roman Kreuziger qui, volontairement, met son ego de côté pour favoriser la victoire finale de son coéquipier. L’épreuve, cette année,était très montagneuse et, dans chaque ascension de cols, Kreuziger a abattu un travail considérable. D’ailleurs, son équipe termine au complet. C’est bien la démonstration de sa force collective. De plus, il existe dans cette équipe italienne un état d’esprit favorable à la réalisation des plus belles performances puisque la chronique nous indique que très souvent durant cette "Vuelta", Yvan Basso s’est entretenu par téléphone avec Nibali pour lui donner moult conseils.
La victoire de Nibali n’est pas une surprise. Il faisait partie sur la ligne de départ des principaux favoris à égalité sans doute avec l’espagnol Igor Anton qui, revêtu du maillot rouge, de leader a du quitter la course, victime d’une chute (fracture du coude) à huit jours de l’arrivée à Madrid...
Vicenzo Nibali est âgé de 25 ans. Originaire de Sicile (il est natif de Messine), Nibali n’a pas un gros palmarès. Ce n’est pas un coureur qui gagne beaucoup de courses. C’est un coureur régulier beaucoup plus fait pour les courses à étapes de longue haleine que pour les courses d’un jour. Sa progression est linéaire dans les grands tours : 20ème du Giro en 2007 puis 11ème et 3ème cette année. Même chose pour le Tour de France : 20ème en 2008 et 7ème l’an dernier tout en terminant à la deuxième place du classement des jeunes. Il disputait la "Vuelta" pour la première fois un peu par chance.
Au début de l’année, il avait été prévu qu’il dispute le Tour de France. Mais peu de temps avant le départ du "Giro", ses dirigeants ont fait appel à lui pour suppléer Pellizotti, suspendu. Là, un déclic se produit. Il porte durant trois jours le maillot rose qu’il doit abandonner à la suite d’une chute. Une fois ses plaies pansées, il repart au combat, soutient Basso dans sa conquête de la victoire finale, obtient une belle victoire d’étape à Asolo et finalement termine à la troisième place du classement final. Bien entendu, étant donné son jeune âge, le Tour de France est rayé de son programme. Son entourage l’inscrit alors au Tour d’Espagne. Il ne connaît pas la course, a peu couru dans ce pays mais dès les premiers tours de roue se montrent l’égal des meilleurs. Il prend possession du maillot rouge après l’abandon d’Anton et réplique ensuite à toutes les attaques en particulier celles de Mosquera.
L’Italie du cyclisme vient peut-être de se découvrir une nouvelle pépite. Son avenir est incontestablement assuré dans les grandes courses à étapes. On attend de le voir à nouveau dans le Tour de France. Mais dans le Tour 2011, il y aura toujours Alberto Contador, maintenant dirigé par Bjarn Rijs. De plus, il lui faudra écouter ses sponsors pour lesquels le "Giro" est plus rentable publicitairement que l’épreuve française même s’ils admettent que le Tour de France est la plus belle course du monde. Enfin, Nibali n’est pas très chaud pour doubler "Giro" et Tour de France. Bientôt, les parcours de ces deux épreuves seront connus. Il sera alors temps de prendre une décision en tenat compte du fait que Kreuziger roulera l’an prochain pour Astana.
Jean-Paul