Phoenix, Etats-Unis
Santiago avait passé sept heures dans l’avion allant
de Londres à Phoenix, et se sentait éreinté. Mais il se devait de savoir qui il était.
La veille, il avait montré le post-it sur son bureau à Amy, en lui demandant si elle savait qui était C.
Cette dernière lui avait répondu qu’elle se doutait qu’il s’agissait de Chris Handler, son meilleur ami, et qu’à l’heure actuelle il était aux Etats-Unis. Elle savait aussi qu’ils devaient le
rejoindre le 21, date de l’anniversaire de Santiago.
A partir de ce moment-là, Santiago décida d’aller aux Etats-Unis, une semaine avant la date prévue. Amy tenta
de l’en empêcher, puis finit par céder.
Il ne se souvenait même plus comment il avait convaincu Amy qu’il achète un billet pour les Etats-Unis,
malgré le manque de moyens. Mais il devait y aller pour en savoir plus sur lui. Il avait la conviction qu’il fallait qu’il aille là-bas.
Il sortit de l’aéroport, et appela un taxi, qui le déposa devant l’adresse de Chris.
Selon les dires d’Amy, Chris passait de plus en plus de temps aux Etats-Unis, menant diverses recherches de
physicien. Il avait donc fini par acheter un appartement à Phoenix.
Santiago paya le chauffeur, le remercia, ferma la portière et contempla l’immeuble. La première chose qui
l’avait frappé à Phoenix était la chaleur. Même en novembre, le soleil de l’Arizona tapait fort.
Il finit par entrer, et monta les escaliers jusqu’au cinquième étage, se disant que peut-être toutes les
réponses à ses questions se trouvaient au bout. Il trouva le couloir, et frappa à la porte.
Pas de réponse.
Il frappa à nouveau : idem. Peut-être était-il sorti. Il redescendit et appela Amy.
- Amy, c’est moi. J’ai besoin de ton aide, lança-t-il, tout excité.
Il n’entendit qu’un soupir au téléphone.
- Amy, s’il te plait ! reprit-il.
- Je… je ne sais pas ce qui s’est passé pour que tu perdes la mémoire, mais depuis que ça c’est passé, tu me
fais peur…
Un silence s’installa, puis Santiago finit par lancer :
- Ecoutes… je… Je ne sais pas ce qui s’est passé non plus. Mais… Je dois le savoir. Imagines que tu perdes la
mémoire, que ferais-tu à ma place ?
Un nouveau silence s’installa, puis cette fois Amy reprit :
- Promet-moi que tu vas revenir. Que tu vas retrouver ta mémoire.
- Je te le promets. Maintenant, il faut que tu me dises où est ce hangar.
- Chris m’a dit de ne pas te le dire… Mais quand j’y pense, il m’a dit qu’il avait fait une découverte
majeure… Peut-être que c’est pour ça que tu as perdu la mémoire… Bon… C’est sur une route en dehors de Phoenix… Y a des dizaines de hangars désaffectés… Ce sont d’anciens entrepôts
pharmaceutiques. Tu devrais trouver. C’est sur la route allant de Phoenix à Goldfield.
- Merci beaucoup. Je t’aime.
Il raccrocha, et rappela le taxi qui était resté dans le coin à attendre le client.
- Tiens ! Re-bonjour à vous ! lança le chauffeur, avec un accent indien. Où est-ce qu’on va cette fois
?
- Prenez en direction de Goldfield, il y a des hangars sur la route, c’est là que je me rends.
- C’est parti !
- Dites-moi, reprit Santiago, vous saviez que j’allais revenir ? C’est pour ça que vous m’attendiez
?
- C’est le boulot d’un chauffeur de taxi d’analyser le client.
Il arriva aux fameux hangars qu’il reconnut. Selon lui, il était difficile de se tromper, ils étaient plantés là comme une
anomalie au milieu du désert. Il marcha dans l’allée caillouteuse, en payant le taxi.
- A bientôt ! lança le chauffeur.
Tous les hangars étaient alignés. Tous étaient gigantesques. Le premier, noté H1, était différent des autres, un peu plus petit.
C’était un vieux garage, apparemment toujours en fonctionnement, selon la pancarte. L’homme qui le tenait, un homme d’une soixantaine d’années, le crâne dégarni, lui sourit, et s’approcha, en
s’essuyant les mains pleines de cambouis sur un torchon grisatre :
- Vous cherchez quelque chose ? lança-t-il.
- Oui, euh… Un ami m’a dit qu’il y avait un hangar, par ici…
- Et bien il s’est trompé, il y en a douze. Mais, si vous cherchez quelqu’un, j’ai déjà aperçu une voiture
garée devant le hangar H2.
Santiago se dirigea vers le deuxième hangar que pointait du doigt le garagiste, en le remerciant. Il s’agissait d’un grand
hangar métallique, mais qui était rouillé de partout et semblait tenir debout on-ne-sait-comment.
Alors qu’il observait cette structure en ruines, Santiago entra, en ouvrant une porte, bloquée par un tube
métallique.
Ses pas résonnaient. A l’intérieur, diverses ouvertures laissaient entrer des rayons de lumière, rendant un peu l’atmosphère
lugubre.
En avançant, il vit qu’un gigantesque drap blanc cachait quelque chose, au centre. Santiago avança lentement, le regard
interrogateur.
Il tendit la main vers le drap, mais une voix l’arrêta :
- Santiago ? Qu’est-ce que tu fais ici ? Je croyais qu’on devait se voir dans une semaine !
Chris se tenait derrière lui.