Les grosses affiches ne tiennent pas toujours leurs promesses. On se réjouit, on pense qu'on va assister à un très beau match, un blockbuster, puis on sort de la rencontre avec l'impression de s'être fait arnaqué, par un beau casting certes, mais à l'affiche d'un navet. Ce n'était définitivement pas le cas aujourd'hui. Tous les ingrédients étaient là, beau jeu, duels, ambiance de feu, suspense et happy end. Manchester United - Liverpool a tenu toutes ses promesses, voire plus. Presque aussi bandant que le United - City de l'année dernière, ce fut un spectacle grandiose, un hymne au football anglais.
On a pourtant cru revivre le scénario presque habituel de ce début de saison ; à savoir un gros match de la part de nos joueurs, se terminant par une incapacité à tenir un avantage pour perdre des points pourtant quasiment acquis, sur des erreurs de débutants... Compte rendu.
C'est un Old Trafford comble et bouillant qui ouvrait son rideau cette après-midi sous une pluie battante. Les deux clubs les plus titrés d'Angleterre s'affrontaient avec en point de mire, la crise pour le vaincu du jour. Sir Alex alignait son onze le plus performant avec Van der Sar, O'Shea (ouais, OK, presque le plus performant), Vidic, Evans, Evra en défense. Devant eux, à la manoeuvre, les habituels Scholes et Fletcher. Giggs et Nani étaient alignés sur leurs flanc de prédilection afin d'alimenter l'excellent Berbatov et Wayne Rooney, toujours en rodage.
Un théâtre chaud bouillant
Poussé par un public survolté, United prenait immédiatement le jeu à son compte et affichait ses intentions dès le départ. Gros pressing, disponibilité, vitesse d'exécution, entre autres. Dès la 5ème minute, c'est notre nouveau capitaine Nemanja Vidic qui mettait le nez à la fenêtre en reprenant un corner de la tête. Cependant, malgré une main mise évidente sur le jeu, United éprouvait des difficultés à percer la défense de Liverpool, bien compacte, devant laquelle se trouvaient cinq milieux de terrain qui pensaient surtout à défendre également, laissant le petit Torres bien seul devant. C'est à la 16ème minute que les Red Devils se montrent dangereux pour la première fois de la partie, lorsqu'après un beau mouvement entre Nani, Scholes, Fletcher et Rooney, Nani pécha à la conclusion d'un tir non cadré en position pourtant très avantageuse. Cinq minutes plus tard, suite à un nouveau corner, Scholes envoyait un missile qui manqua la cible. Notre équipe dominait sans vraiment écraser son adversaire et restait à la merci d'un contre des visiteurs, où Joe Cole et Meireles prenaient peu à peu leurs marques. Johnson envoyait enfin un tir pour les scousers, non cadré, à la 25ème minute. Le quart d'heure qui suit fut à l'image du début de match ; United dominait, toujours, mais manquait de tranchant aux abords du rectangle adverse. Comme souvent en pareil cas, la solution vint d'une phase arrêtée. Giggs tirait un corner à la 42ème minute que Berbatov se fit un plaisir de reprendre d'une tête victorieuse, sans sauter. Il faut dire que le bulgare, très à son affaire en ce début de saison, était marqué par... Torres, dont le petit coup de rein n'aurait même pas déstabilisé une grand-mère. 1-0 et début du festival Berbatov. Une frappe non cadrée de Rooney plus tard et monsieur Howard Webb sifflait la mi-temps. Cet avantage était mérité, les Red Devils ayant montré une forte envie sur tous les ballons, poussés par un public déchaîné, où on vit très peu de déchet, mais peu d'occasions également.
La seconde période commençait sur les mêmes bases. Berbatov échouant de peu devant Reina sur une frappe déviée de Darren Fletcher (52ème), avant que Nani, très remuant cette après-midi sur son côté de prédilection laissé libre par le malheureux Valencia, expédie une fusée sur le poteau (57ème). Deux minutes plus tard, Nani, encore, trouvait Berbatov qui, dos au but, contrôla de la cuisse avant de doubler l'avantage des Red Devils d'une merveille de retourné qui cloua Reina sur place. Un des buts de l'année et un 2-0 pas volé du tout. On se croit parti vers une déculottée, tant United joue bien, face à une équipe avec peu de répondant. Mais à la 63ème minute, l'euphorie retombe rapidement lorsque Torres, très discret jusque là, fut servi par Joe Cole avant d'effacer Evans d'un joli crochet,le jeune défenseur, en retard, faucha les deux jambes d'El Niño. Carte jaune et penalty logique que Gerrard, qu'on croyait absent, se fit un plaisir d'inscrire. 2-1.
On se rappelle alors avec crainte les rencontres face à Fulham et Everton, et nos craintes se confirment lorsque O'Shea arrêta fautivement Torres à l'entrée du rectangle de United. Gerrard se chargea de tirer le coup franc, et Fletcher, dernier homme du mur, ne trouva rien de mieux à faire que de laisser passer le ballon pour ne laisser aucune chance à Van der Sar, qui n'aura eu que très peu de choses à faire jusque là mais qui se retourna tout de même deux fois. 2-2 (70ème). Bordel de merde, ça sent de plus en plus le match moisi. Logiquement, Liverpool se mettait à y croire, pendant que United perdait son football et se remémorait de vilains souvenirs pas très lointains. Meireles manqua encore le cadre de la tête avant de céder sa place à Jovanovic (79ème). A la 82ème minute, Ferguson remplaça Giggs par Macheda, pendant qu'Agger prenait la place de Konchesky.
Un sauveur venu de Bulgarie
Les minutes s'égrainent et on commence à déjà se dire qu'on va passer un de ces dimanche à la con, où rien ne nous rendra le sourire. Mais United compte en ses rangs un joueur de grande classe, certes, mais dont la nouvelle confiance lui donne des ailes. Des ailes qu'il utilisa pour s'élever sur un centre de John O'Shea pour le reprendre victorieusement de la tête et signer un coup du chapeau dont il se souviendra longtemps, et nous aussi. Il, c'est bien évidemment Berbatov. 3-2 (84ème). Ce triplé propulse l'attaquant bulgare en tête du classement des buteurs avec six réalisations. Et après les crampes de Nani, Ferguson remplace ce dernier par Gibson, et offre une standing ovation bien légitime à Berbatov en faisant entrer à sa place le revenant Anderson (88ème). United se contentera ensuite de gérer le temps pour finalement exulter. Ouf ! On a eu chaud, mais que c'était bon !!!
L'homme du match est évidemment bulgare. Berba, complètement métamorphosé, est dans une forme cantonesque. Il participe au jeu, presse, défend, distribue et marque. Cela tombe bien car Rooney, certes de mieux en mieux, peine encore à retrouver l'impact qui était le sien la saison passée. Wayne a fait preuve d'expérience en fin de match, en conservant le ballon près du poteau de corner de Pool, gagnant ainsi de précieuses secondes. Nani aussi continue d'impressionner avec ses courses folles, ses gestes techniques utiles et surtout, ses centres souvent précis. Le troisième homme en forme de ces deux premiers mois, Paul Scholes peut lui aussi être crédité d'une très bonne note. Si toute l'équipe a réalisé une grosse performance, je m'en voudrais de ne pas souligner la nouvelle excellente prestation de notre nouveau capitaine serbe. Vidic a tenu la défense à lui tout seul et n'est en rien responsables des fautes de Jonny Evans ou O'Shea qui amènent les buts des scousers. Evra a retrouvé le niveau qu'on lui connait et Giggs nous a gratifié de quelques courses nous rappelant ses plus belles années. Cette victoire nous permet de revenir à égalité de points avec Arsenal, à la seconde place. Mais c'est surtout la volonté de gagner qui m'a plu. Pendant plus de 90 minutes, nous avons continué de jouer avec notre coeur et d'attaquer, sans relâche. Au final, la victoire ne souffre d'aucune contestation, même si les scousers auraient pu réaliser un joli petit hold-up. Pas cette fois.
Merci les gars, j'ai pris mon pied et ça fait fichtrement plaisir !
United : Van der Sar, O'Shea, Vidic, Evans, Evra, Nani (Gibson), Fletcher, Scholes, Giggs (Macheda), Berbatov (Anderson), Rooney.
Pas utilisés : Kuszczak, Smalling, Brown, Owen.