Retour aux Jardins. Cela faisait longtemps...
Dès l'entrant m'étreint une étrange impression. Suis-je le bienvenu ici ? Les Amours d'Escoula semblent me faire la tête. Il faut dire que mon cri d'indignation (voir ma note du 8 février) a été sans effet : les fesses de la belle énamourée sont toujours maculées de graffitis obscènes.
Et puis la sensation bizarre se poursuit. L'automne semble déjà s'être posé sur les ramures. Est-ce normal, si tôt ? Et ce canard, dans le canal, qui tel le Christ marche sur l'eau, est-ce contre moi qu'il en a ? Et ces arbres, ces feuilles, ces plantes, tout assombris... rien ne me paraît bien normal aujourd'hui et je suis mal à l'aise. Je sens comme une hostilité, de la méfiance, de la rancœur peut-être. Plus haut des gens ont un étrange comportement. Ils cachent leurs enfants, ils me tournent le dos, ils me montrent du doigt, semblent crier leur haine... des cheveux roux s'enflamment comme je m'approche... des branches s'entrecroisent, des feuilles se hérissent, la gent sylvestre me repousse, à l'unisson des humains... il est temps de partir, oui, les Jardins m'ont maudit, enfin c'est aujourd'hui l'impression qui m'étreint.
Demain, peut-être serai-je mieux accepté, je l'espère, demain... oui, les Jardins comprendront que je suis leur ami, que je leur veux du bien, ils comprendront, ils finiront par comprendre, la rancœur n'est jamais éternelle et la nature est bonne, naturellement.