- L’histoire :
En Octobre de la même année, Oxley fut arrêté pour avoir prit part dans un autre cambriolage à Cambridge et il admit être responsable dans celui concernant le wagon poste. Dans un moment de panique Broughton s’enfuit voir un criminel bien connu – Thomas Shaw – peut être pour chercher des conseils afin d’éviter d’avoir à faire aux autorités, mais il fut reconnu et appréhendé par un policier. Oxley et Shaw n’essayèrent pas de protéger Broughton et le dénoncèrent pour un cambriolage. Il fut transporté aux Assises de York – endroit où l’on jugeait les criminels – reconnu coupable et condamné à mort.
Illustration d'Attercliffe avec le gibbet à droite et le pub Arrow à gauche - copyright Sheffield Archive
Le 16 Avril, Spence Broughton fut pendu. Son cadavre fut ensuite installé sur un gibbet, un genre de potence où l’on pendait les cadavres pour qu’ils soient visibles de tous et en particulier des criminels. Cette sentence était commune à l’époque et dans le cas présent, elle était d’autant plus prévisible que le cas Broughton était connu des habitants de Sheffield. 40 000 visiteurs affluèrent la première journée pour assister au spectacle, et ce pour le plus grand plaisir du propriétaire du pub d’à coté – The Arrow – qui clama que le corps de Broughton avait fait sa plus grande fortune. Puis le cadavre devint l’attraction locale et il resta sur le gibbet jusqu’en 1827 !
- Pourquoi le cadavre resta si longtemps sur le gibbet ?
Ainsi, alors que le gibbet était censé continuer la sentence du criminel, il avait aussi pour but de dissuader les gens qui avaient pour ambition de commettre un crime. L’historien Jim Sharp décrit le procédé comme tel : un gibbet est un mât d’environ 9 mètres. Il pouvait y avoir des variations comme le fait de placer le corps dans une cage métallique et cylindrique afin que le corps reste en place. La cage était ensuite accrochée au gibbet avec des chaines. D’ailleurs, on retrouve parfois ce procédé sous le nom de « body hanged in chains » soit le « corps pendu avec des chaines ».
C’était une pratique courante en Angleterre au 18ème siècle, environ une centaine de gibbet furent reportés à Londres en 1800. Dans la tradition du Yorkshire, il existait une autre version du gibbet – l’Halifax gibbet – et qui consistait en un genre de guillotine.
La préméditation, l’usage de la violence et un comportement indiscipliné menait souvent à la peine capitale et cela expliquerait pourquoi Spence Broughton reçu une telle sentence. Cinquante ans plus tard, du fait du changement des mentalités, on limita les cas passibles de peine de mort et le vol n’en faisait plus partie.
- L’exécution comme spectacle :
Le nombre de personnes qui alla voir le cadavre de Broughton montre qu’il s’agissait d’une affaire assez populaire. Mais certains documents comme le Sheffield Register d’Avril 1792 montre qu’il avait aussi acquit la sympathie de certains : « le comportement de ces hommes malheureux, particulièrement fervent et pénitent – et celui de Broughton en particulier, était marqué par un degré de courage et résignation, rarement observé chez les personnes dans les mêmes circonstances ».
C’est certainement le comportement, la façon horrible dont il mourut ainsi que son étalage sur le gibbet qui provoqua autant de sympathie à l’égard de Broughton, et c’est grâce à cette sympathie que son cadavre devint une attraction. Certain pensent que Broughton serait le seul criminel à avoir donné son nom à une rue Broughton Lane. Cependant l’historien Peter Harvey pensent que le nom de cette rue serait dérivée de Broughton Park – crée par le Duke de Norfolk – et n’aurait donc rien à avoir avec le criminel.
Selon d’autres personnes – notamment Charles Dickens et les réformateurs du 19ème – la potence et sa fonction de dissuasion ne pouvait pas fonctionner si la foule était dans un état de plaisir. Leur point de vue devint plus fréquent au fur et à mesure où on avançait dans le 19ème siècle, puis les exécutions publiques devinrent de plus en plus rares et la dernière eut lieu en 1834.
Les deux derniers cas de gibbet eurent lieu en 1832 : James Cook à Leicester et de William Jobling dans le Comté de Durham qui furent tout deux exécutés pour meurtre. Ce sont les événements entourant l’exposition du corps de Jobling qui menèrent à la fin de cette horrible sentence : l’appétence du public pour le sang mena à la demande d’un propriétaire de bateau de pouvoir emmener ses touristes voir le corps du malheureux. La famille de Jobling, désespérée, vola le corps dans le but de lui donner une sépulture descente. Les témoins de ce genre de spectacles devinrent insensibles ce qui provoqua une sympathie à l’égard des criminels et mena à enterrer les corps des criminels qui pendaient sur les gibbets.
Le gibbet du corps de Spence Broughton n’eut pas l’effet escompté et provoqua une compassion pour les bandits de grands chemins. C’est grâce à lui qu’il eut un début de changement dans les peines réservées aux bandits et cambrioleurs. D’ailleurs le fait que le cadavre de Broughton fut enlevé seulement six ans avant la dernière exécution public montre le changement radical qui fut opéré.