Au fil des mois, je complète ma collection de Souchon en allant fouiller du côté des premiers albums dont je n’ai que certains titres arbitrairement mis en lumière par les collections « best of ». Il est intéressant de confronter des textes et des contextes pour évaluer la valeur d’une chanson...
Dans les poulaillers d'acajou,
Les belles basses-cours à bijoux,
On entend la conversation
D'la volaille qui fait l'opinion.
La « volaille » avait inspiré La Fontaine (souvenons-nous par exemple de la fable des « deux coqs » qui, les pieds dans le fumier, se battaient généreusement pour une petite poulette un peu plus maquillée que les autres...). Cette « volaille » inspire aussi Souchon qui fait « roucouler » toute la basse-cour dans « Poulailler Song ».
C’était en 1977... Mais en 2010, les mots de la chanson pèsent lourd dans le contexte actuel. Tous les lieux communs du discours d’exclusion qu’on entend aux quatres coins de notre « poulailler » défilent en effet sur le rythme sautillant de la chanson comme autant de coups de becs ou de coups de fourche !
On peut pas être gentils tout le temps.
On peut pas aimer tous les gens (...)
Mais comprenez-moi : la djellaba,
C'est pas ce qui faut sous nos climats.
De toute évidence, les coqs et les poulettes de ce « Poulailler song » n’ont plus grand-chose à se dire. « Deux coqs vivaient en paix, une poule survint, et voilà la guerre allumée... ». Les rivalités, les coquetteries, les tournois amoureux, c’est d’un autre âge.
Longtemps entre nos Coqs le combat se maintint :
Le bruit s'en répandit par tout le voisinage.
La gent qui porte crête au spectacle accourut.
Désormais la volaille a mûri mais le spectacle continue. Cramoisie sur son tas de fumier, s’agite la banderille des crêtes cocardières. « La volaille fait l’opinion » et brandit à la face du monde un paquet de pensées vermisseaux.
Mais comprenez-moi : c'est une migraine,
Tous ces campeurs sous mes persiennes.
Mais comprenez-moi : c'est dur à voir.
Quels sont ces gens sous mon plongeoir?"