Le Val de Grâce, couvent et hôpital militaire

Fuyant les queues de certains monuments ouverts exceptionnellement pour les Journées Européennes du Patrimoine, nous avons emmené Jean-Baptiste et Benjamin découvrir le Val de Grâce, construit par François Mansart, Jacques Lemercier, Pierre Le Muet et Gabriel Le Duc, et achevé en 1667.

Comme chacun sait, cette réalisation majestueuse, si bel exemple du style baroque français, résulte d'un voeu prononcé par la Reine Anne d'Autriche, de donner enfin un héritier à la couronne de France.

Et ce n'était pas gagné : mariés à 14 ans, la fille de Philippe III d'Espagne et Louis XIII eurent un début d'hymen tout à fait désastreux : inexpérience - Marie de Médicis voulant à toute force que le mariage fut consommé illico pour ne pas risquer la destruction de l'alliance politique nouvelle entre les deux puissance catholiques autrefois ennemies -  désintérêt pour la "chose" de la part des deux partenaires, influences néfastes...Il fallut attendre 23 ans de mariage et quatre fausses couches avant que la reine ne mit au monde Louis Dieudonné, puis deux ans plus tard son jeune frère.

En remerciement au Ciel, nous pouvons visiter aujourd'hui ce splendide ensemble conventuel où la Reine aimait à venir se recueillir. On chemine à travers le cloître à deux étages fermés, la majestueuse salle capitulaire, des escaliers à grille de fer forgé ou à balustres de pierre blonde, une jolie petite cour au crépi couleur de beurre, la clôture monastique au rigoureux treillis de fer, puis on pénètre dans la belle église par le fond du choeur.



Qu'admirer le plus (à part mes petits-fils) : la voûte en berceau à caissons, le dallage en marqueterie de marbre, le baldaquin à colonnes torses qui rappelle saint Pierre de Rome, les fresques du dôme....Tout ici symbolise la Nativité du Jésus et la célébration de la maternité de la Vierge Marie, et aussi les chiffres entrelaçés d'Anne et de Louis. Magnifique baroque, chargé de rigueur - déjà pointe le style classique - et de somptuosité retenue. En sortant, on admire le parvis et son cadran solaire, la jolie ordonnance de la place Alphonse Laveran (découvreur de l'agent responsable du paludisme en 1907, Prix Nobel)...

On sort de là plein de foi et de belles images, en imaginant les gloires du siècle de Louis XIV assistant à un office en présence de la Cour. Paradoxalement, le couvent fut sauvé de la démolition par la Convention qui le transforma en hôpital militaire, Ecole d'application de médecine militaire, mission qu'il remplit toujours grâce à la construction du nouveau Val, belle réalisation architecturale en forme de vertèbre, inauguré en 1979.

Anne d'Autriche, elle, qui fut mère à 37 ans, mourut un an avant la fin des travaux, à 65 ans, d'un cancer du sein.