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Quatuors de Menselssohn par les Modigliani : grâce et élégance

Publié le 19 septembre 2010 par Philippe Delaide

Le jeu racé et d'une élégance rare du Quatuor Modigliani, certainement l'une des formations de chambre actuelles les plus inspirées avec le Jerusalem Quartet, sert à merveille les compositions de Mendelssohn.

Les quatuors écrits par ce dernier retrouvent enfin la place qu'ils méritent après avoir été placés pendant de nombreuses années au second rang après ceux de Beethoven ou de Schubert.

Menselssohn Modigliani
Ce qui est le plus marquant dans les quatuors de Mendelssohn, c'est leur fraîcheur extraordinaire et, surtout, une élégance, une finesse qui restent bien la marque de fabrique du compositeur allemand. Face à la gravité et au caractère cérébral des références absolues que sont les quatuors de Beethoven et au lyrisme à fleur de peau de ceux de Schubert, Mendelssohn effectue en quelque sorte la synthèse de ce que les grands maîtres allemands et autrichiens ont pu produire. On retrouve dans ces compositions y compris l'inventivité et le sens unique de l'équilibre des registres d'un Joseph Haydn. Contrairement à ce que l'on a souvent rétorqué, il n'y donc ni mièvrerie ni badinerie dans ces quatuors mais une tension bien réelle mais subtilement suggérée.

Les Modigliani déploient sur deux quatuors (en la mineur opus 13 et en fa mineur opus 80) ainsi que sur le Capriccio et fugue en mi mineur opus 81 un jeu fascinant et qui opère une séduction immédiate. Cela fait de nombreuses années que je n'ai pas autant été interpelé par une interprétation d'une telle évidence. Le niveau d'équilibre et de fusion des protagonistes est vraiment extraordinaire et ils sont pris, de bout en bout, d'une grâce à couper le souffle. L'interprétation propose une lecture d'une belle respiration, avec des phrasés amples mais sans emphase, subtilement dosés, un lyrisme magnifique qui donne littéralement le frisson.

On notera notamment la belle densité de leur interprétation sur le sublime Adagio de l'opus 80 comme sur l'Adagio non lento de l'opus 13, deux mouvements d'une richesse narrative rares où les Modigliani restituent à merveille les différents climats que le compositeur à voulu traduire. L'introduction de la fugue de l'Adagio non lento au minutage 1':15" est particulièrement poignant. Ensuite le contrepoint se fait de plus en plus riche avec une texture resserrée qui atteint son paroxysme au minutage 4':44". Dans ce cas, le jeu des Modigliani reste limpide, cristallin.

Sans recherche d'effets, avec une simplicité et une finesse désarmantes, les Modigliani révèlent de façon très inspirée la richesse incomparable de ces compositions.

Coup de cœur indéniable et indéniable référence.

Lien direct vers le site du label Mirare pour en savoir plus.

Felix Mendelssohn-Bartholdy - Quatuors en la mineur opus 13 et en fa mineur opus 80 / Capriccio et fugue en mi mineur opus 81 - Quatuor Modigliani - Label Mirare.

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Coup de cœur du poisson rêveur.

Extrait : Quatuor à cordes en fa mineur opus 80 : Finale Allego molto.


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