A Paris, dans les années 80. Tous les jours, le narrateur emprunte le boulevard périphérique pour rendre visite à Paule, hospitalisée,atteinte d’un cancer. Tandis que la mort rode au chevet de sa belle-fille, le narrateur sans nom songe à son passé, à son ami de jeunesse, Stéphane, qui n’avait peur de rien, sauf de nager.Entré dans la Résistance, il est tué en 1944 dans des conditions mystérieuses.Lessouvenirs de cette amitié se mêlent aux inquiétudes du présent, à l’aggravation du cancer de Paule, aux encombrements permanents de ce boulevard périphérique surplombé d’une banlieue disgracieuse, d’une « saleté grise » qui fait mal aux yeux.
Stéphane et Paule, deux destins qui se croisent dans un va-et-vient perpétuel entre hier et aujourd’hui. Comment est mort Stéphane ? Paule va-t-elle guérir ? Chaque soir, chez lui,le narrateur écrit son journal, met des mots sur le vide, sur sa souffrance, sur ce qu’il apprendenfin sur la mort de Stéphane, sur ce qu’il redoute pour sa belle-fille, son fils. Mais il évoque aussi au fil des pages, des images de bonheur et de douceur, la présence d’un être cher auprès de lui, un petit-enfant aimé, la splendeur d’un pin dans un jardin, la puissance d’un rêve qu’il a eu la nuit dernière.
La plume d’Henry Bauchau, 94 ans, reste toujours aussi émouvante et limpide. L’écrivain nous dépeint magistralement la vie telle qu’elle est, dans son âpreté, dans sa tristesse, maissurtout dans sa lumière.
Le Boulevard périphérique
Actes Sud,256 pages, 19,50 €
Rêve d’amour de Laurence Tardieu
Stock, 162 p., 15,50 €
« Je veux savoir, comprendre, qui était ma mère. Je veux savoir d’où je viens. »
Laurence Tardieu nous avait bouleversé en 2006 avec Puisque rien ne dure,(Stock). Ce quatrième roman met en scène une jeune femme de trente ansqui a perdu sa mère très tôt. Son père, sur son lit de mort,lui apprend que sa mère a aimé un autre homme. C’est à travers cet amant, retrouvé vingt-cinq ans plus tard, qu’Alice va tenter de se reconstruire, de combler le vide laissé par sa mère.Poignant et sensible.
Ca ce lit comme un roman. Mais pourtant, c’est une vraie histoire d’amour. Sans happy end.Celle d’une « aristo » normande qui part en stage en Afrique et qui tombe follement amoureuse d’un jeune sénégalais musulman et romantique. Rien ne sera facile. Tout est contre eux. Le choc des cultures, le regard cruel des autres, le refus de la famille d’Aysseline qui ne veut rien savoir de cet amour « honteux » qui durera six ans. C’est un cancer qui emportera finalementSouleymane.
Un récit courageux, émouvant, par une jeune femme passionnée à la mémoire de l’homme qu’elle aimait.
Douleur de peau de Aysseline de Lardemelle
Presses de la Renaissance, 288 pages, 18 €
Récit
La fille de l’aquarium
L. van der Elst
Dans ce récit volontairement optimiste, Laetitia van der Elst décrit comment, à 22 ans, elle apprend brutalement qu’elle est atteinte d’une leucémie lors d’une consultation pour un banal rhume qui dure. Débute alors son parcours du combattant, la chambre stérile à l’hôpital, l’angoisse de ses proches, la chimiothérapie, la perte de ses cheveux, la fatigue, la peur.Puis la greffe salvatrice, grâce à sa sœur. Mais tout au long de sa maladie, Laetitia n’a jamais cessé de se battre : « Quand j’y songe, ma leucémie n’a pas été une épreuve qui rime avec souffrance, mais avec apprentissage. » Quelle pêche, cette Laetitia ! Une superbe leçon de vie.
Presses de la Renaissance, 264 p., 18€
Et un livre sorti récemment à ne pas rater :
Trop bien élevé
J.-D. Bredin
L’Académicien et avocat Jean-Denis Bredin décrit dans ce court ouvrage le petit Parisien effacé qu’il était. Le divorce de ses parents,un père disparu trop tôt à 37 ans, une mère remariée, un milieu bourgeois pesant, parfois étouffant. Le collège, la pression d’être premier de classe, la messe et les dimanches « sinistres ». Puis vient la guerre, l’exode, l’Occupation et les premières étoiles jaunes, et des camarades de classe qui manquent à l’appel. Un matin, l’enfance est finie à jamais. Poignant et sensible.
Grasset, 134 p., 11,90€