Au gouvernement, pas la peine de risquer la méningite. L'actualité nous apporte chaque matin une nouvelle casserole avec un sens de l'imprévu et de l'imagination qui est une véritable providence pour tous les chroniqueurs. Chaque matin, en allumant la radio, on se demande « Quelle nouvelle bourde ont-ils faite aujourd'hui? ». Et on n'est jamais déçu.
Au début du quinquennat, c'était une politique de communication parfaitement étudiée et organisée qui faisait enchaîner les nouveautés à une telle vitesse que le nouvel événement supplantait dans les médias les commentaires suscités par le précédent.
Maintenant, plus la peine qu'un bureau de comm pointu s'efforce d'enchaîner l'actualité gouvernementale. La belle machine s'est emballée et c'est le concert de casseroles qui constitue la musique de fond de l'activité de nos ministres.
Jusqu'à présent, quand une affaire produisait des catastrophes en cascades et mettait en scène de sordides imposteurs, de méchants salauds et de fieffés menteurs, on disait qu'elle ressemblait au feuilleton « Dallas ». Maintenant, on ne dit plus « Dallas », on dit "Woerth ". Ou "Bettencourt", au choix. Comme on voudra. Les personnages y sont assez nombreux pour faire durer le feuilleton plusieurs années. Cette affaire est une sorte de poulpe dont chacune des tentacules plonge dans une marmite proche du pouvoir, que ce soit par ses prolongements judiciaires avec un procureur bien intentionné qui ne se décide jamais à nommer un juge d'instruction, des notes et courriers dont on nous dit qu'ils n'ont jamais existé mais qui paraissent dans la presse, des enveloppes en papier kraft qui changent de main, des îles sans existence légale etc... etc...
Il y a aussi toutes les lois inutiles dont le régime nous gratifie à foison en pensant naïvement que leur effet d'annonce est plus efficace que l'application des lois qui existent déjà. Un chien mord-il qu'on nous pond une loi sur les chiens, et un récidiviste récidive-t-il qu'on nous affuble d'un nouvel arsenal sur le sujet, comme si une éruption de règles allait faire disparaître le problème. La loi devrait faire le fait divers, avec Sarkozy, c'est le fait divers qui fait la loi.
Sans y voir de contradiction, on veut quand même développer internet, qui serait la culture du pauvre, mais on le taxe. Nous prestataires nous vendent un internet illimité qui ne l'est pas, non seulement au téléphone, mais même par le réseau connecté à nos ordinateurs. Un ami informaticien qui dépanne volontiers ses amis à distance m'affirme qu'il ne peut plus intervenir sur les machines abonnées chez Orange, ce dernier ayant fermé des ports qui sont indispensables à sa connexion.
Ce n'est pas l'antisarkozisme qui est primaire, c'est Sarkozy qui est primaire. L'attaquer plus haut, c'est le rater, même sans allusion à sa petite taille.Quand on veut tout faire soi-même, on se retrouve responsable de tout.
Car Sarkozy est partout : scandalisez-vous de l'affaire Bettancourt, elle remonte à Sarkozy par le financement de son parti, alarmez-vous de la violence des banlieues, vous y trouvez les injures dont il gratifie leurs habitants et le dépouillement des moyens qu'il inflige à l'enseignement et à la police.
Le Titanic a coulé en trois heures. Combien de temps ces gens-là vont-ils encore rester à flot, et combien des forces vives du pays vont-ils entraîner dans leur engloutissement programmé ?