Si, nous sommes tous préoccupés par la situation actuelle, et si nous tentons de prendre un peu de hauteur… L’analyse et la recherche d’un projet éducatif pour les années à venir…. nous divise aussitôt !
Les salles de professeurs sont étonnamment muettes, lorsqu’il s’agit de proposer et d’échanger sur un programme éducatif à venir, et encore moins ‘ alternatif ‘. Nous sommes tous ‘ Contre ‘ , rarement ‘ Pour ‘ … ! A l’interne, les projets qui bousculent la vie ordinaire, sont rejetés ( la situation politique actuelle sert alors d’alibi facile et fédérateur …).
Pourtant, nous constatons ( c’est un fait ) que les inégalités sociales face à l’obtention du bac « reflètent des différences de réussite qui se sont développées au cours de la scolarité élémentaire », c’est une étude ministérielle qui l’affirme: aujourd’hui « - Un fils d’enseignant a 14 fois plus de chances relatives d’obtenir le bac que son camarade dont le père est ouvrier non qualifié, selon le ministère de l’Education[1]. Or, comparé aux élèves entrés en sixième en 1989, les inégalités ont augmenté : les fils d’enseignant avaient alors neuf fois plus de chances de réussite que les fils d’ouvriers non qualifié. Une évolution inquiétante : c’est la première fois que le ministère indique que les inégalités sociales s’aggravent à la fin du secondaire. »
Je retiens que c’est très tôt que les écarts se creusent, au moment où s’acquièrent les savoirs fondamentaux…
Ce serait incomplet d’en rester là… Car il ne s’agit que d’une mesure, et ne pas s’interroger sur les ‘ raisons ‘ de ce que nous recherchons pourrait nous conforter dans un cercle vicieux…
Quel est dans notre société le poids du diplôme ? La comparaison avec nos voisins, nous alerte sur notre modèle élitiste, et la valeur démesurée que nous donnons au ‘ titre scolaire ‘. Certes, l’école s’est ouverte à tous, mais cela profite aux ‘ meilleurs ‘. Quelle est donc cette légitimité que nous accordons aux bénéficiaires de cette inégalité scolaire … ? Là peut-être est la raison de mauvais climat scolaire et du mal être des jeunes dans notre institution … !
« Dans les années 1960, l’école était élitiste, mais on trouvait du travail comme on voulait. Aujourd’hui, celui qui ne réussit pas à l’école est très souvent condamné…. De la même façon, réformer l’école est vain si l’on continue à lui accorder un poids si important. Il faut en quelque sorte « déscolariser » notre société. Trop d’école finit par tuer l’école….L’avenir de notre pays n’est pas d’avoir une élite superformée, mais que l’ensemble des jeunes bénéficie d’une formation jugée suffisante. » François Dubet, sociologue, professeur à l’université de Bordeaux II
Aujourd’hui, après avoir reconnu que notre système , avec ses méthodes inadaptées, conduit 15% des enfants à sortir du primaire sans savoir lire et écrire et 130 000 à quitter chaque année l’enseignement obligatoire sans diplôme, nous ne proposons que de renforcer cette inégalité, en survalorisant le diplôme scolaire… !
Ne serait-il pas temps de revoir nos modèles d’excellence, individuels ou collectifs, économiques ou sociaux, politiques ou associatifs… ?
« Le monde d’aujourd’hui a besoin d’empathie, d’expérience, de coopérations, de réseaux, de tribus…. Nous continuons, sans plus nous interroger à défendre Un système qui ne fait pas confiance, qui ne met pas en confiance, qui ne pousse pas à comprendre que chacun a intérêt au succès des autres, qui méprise tout ce qui n’est pas le travail intellectuel, qui ne valorise pas la créativité, l’imagination, l’erreur, la prise de risques. » Jacques Atali