La fête de la bière, qui a ouvert ses portes samedi à Munich (sud de l’Allemagne), célèbre son bicentenaire encadrée par d’importantes mesures de sécurité, moins de deux mois après la catastrophe à la Loveparade de Duisbourg.
La police munichoise dit avoir « tiré les leçons » du drame dans lequel 21 personnes ont péri étouffées dans un tunnel le 24 juillet pendant la Loveparade, coincées dans un mouvement de panique.
« Nous sommes préparés », assure Wolfgang Wenger, porte-parole de la police munichoise, qui a pris des « mesures strictes de sécurité » pour ce qui est devenue, au fil de son histoire, la plus grande fête populaire au monde.
« Ici, la situation est différente », le site des festivités de 31 hectares, qui accueille jusqu’à 350.000 visiteurs en même temps, n’étant pas clôturé, précise M. Wenger. Et les dix-sept caméras installées à l’extérieur des halles à bière « permettent aussi de prévenir les risques d’engorgement ».
L’Oktoberfest, dont l’origine remonte aux noces du futur roi de Bavière Louis 1er avec Therese von Sachsen-Hildburghausen le 12 octobre 1810, est organisée cette année pour la 177e fois, guerres et épidémies ayant empêché la tenue de 24 éditions.
Depuis sa création, elle se déroule sur un parc ovale baptisé justement « Theresenwiese » en hommage à la future épouse, où ont eu lieu les festivités de son mariage.
« Je suis confiante, je crois que tout est sous contrôle, il y a beaucoup de sorties de secours », déclare Brigitte Fettig, 49 ans, en se dandinant dans sa robe froncée à fleurs et dentelles sous un soleil éclatant.
Trois cents policiers en civil ou en uniforme, dont deux Français et cinq Italiens étaient mobilisés sur le site, tandis que 200 autres étaient déployés aux alentours pour encadrer 17 jours de festivités, véritable condensé de folklore bavarois.
« La ville a l’expérience des grands événements », tels que les Jeux olympiques, souligne pour sa part, Hep Monatzeder, maire adjoint qui dit en revanche prendre au sérieux les risques potentiels d’attentats terroristes.
« Il n’y pas de menace concrète » mais « une unité anti-terroriste en nombre suffisant » se tient prête à réagir, indique Wolfgang Wenger.
« Chaque jour, nous vérifions les tentes avec nos chiens détecteurs d’explosifs ».
La police a aussi restreint les vols de moins de 1.000 m d’altitude sur un rayon d’environ 4 km au-dessus du site, depuis que l’an dernier un avion de tourisme eut effrayé des visiteurs.
Avant même le traditionnel coup d’envoi officiel de l’Oktoberfest marquée à midi par la mise en perce du premier tonneau de bière par le maire, certaines halles à bière faisaient déjà salle comble.
Dans l’enceinte spécialement consacrée au jubilé des 200 ans, les nostalgiques de l’époque remontaient sur des manèges d’antan, assistaient à des courses hippiques en mémoire de celles organisées à l’époque de la cour de Bavière. D’autres dégustaient une bière préparée selon des recettes d’il y a deux siècles.
Karola et Alfred Kerler se sont arrêtés devant la reconstitution de la tente royale, qui avait disparu en 1913. Ce couple de Munichois âgé respectivement de 70 et 75 ans espère que ses descendants « auront la chance de connaître ça encore longtemps ». « Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, la fête s’est beaucoup développée, est devenue plus moderne. Mais l’important c’est que la tradition demeure », estime Alfred.