Il faut se rendre à l'évidence en 2010, Peter Gabriel ne fait
plus du rock. Tandis que Phil Collins sort un album back to the roots ( très réussi d'ailleurs) Peter, lui, nous emmène avec son dernier album dans un univers
imprégné de classicisme, à mille lieux de celui de Genesis et de ses autres albums solos.
Prise de risque 100%.
Il est presque 20h15 lorsque Peter débardeur gris foncé sur chemise gris clair et pantalon sombre, monte sur scène pour nous annoncer le déroulement de la soirée : une première partie qui fera la
part belle à l'album "Scratch my back" et une deuxième qui sera constituée de morceaux de son répertoire revisités par les arrangements de John Metcalfe.
S'aidant d'un petit feuillet pense-bête il présente tout d'abord le programme en flamand ce qui lui vaut des applaudissements nourris puis en français, précisant que c'est plus simple pour lui de
s'exprimer dans cette langue. Les applaudissements redoublent doublés, hélas, de quelques sifflets.
Peter réagira avec humour et dans la langue de Voltaire : " La guerre continue...moi je préfère la paix."
Rires et applaudissements dans le public.
Mais venons en à la musique qui mettra tout le monde d'accord.
Ane Brun dont la
voix cristalline évoque par moments Kate Bush ou Lisa Gerrard lance la première partie avec 3 titres où elle s'accompagne seule à la
guitare. Magnifique.
Lentement, caché derrière un rideau métallique qui servira aussi d'écran de projection le " New Blood Orchestra" dirigé par Ben Foster démarre l'intro de "Heroes".
La voix de Peter s'élève dans la salle et, tandis que le rideau remonte, Peter se retrouve frontstage devant son public.
La voix de l'ange est magnifique, force est de reconnaître que le natif du Surrey fait partie de ses rares interprètes sur lesquels le temps n'a pas de prise.
J'avais quelques craintes à l'écoute de l'album d'assister à un concert ennuyeux faisant la part belle à un joli exercice de style et pouvant lasser sur la longueur, mais mes craintes étaient
infondées. La fusion entre l'orchestre, excellent de bout en bout, la technologie visuelle et son graphisme absolument renversant axé principalement sur le rouge (même les roadies et techniciens
sont en rouge) et la voix de Peter est parfaite. Et, cerise sur le gâteau, pour une salle comme Forest National le son est excellent.
Parmi les titres de la première partie la version de "The Book of Love" m'a scotché et fut un grand moment.
La seconde partie permettra quelques formidables exercices de bravoure à Ben Foster et son orchestre démontrant par là qu'un orchestre classique peut aussi "envoyer grave".
"San Jacinto", "Signal to Noise " et son graphisme sidérant, "Mercy Street" et " Solsbury Hill" furent mes instants préférés.
Sur ce dernier titre qui clôture le show, Peter se lâche enfin et le public se lève et on en vient un court moment à imaginer la folie qu'aurait pu engendrer Peter, accompagné par un rock band traditionnel. Mais oublions ça, là n'était pas le propos ce soir.
Trois titres en rappel : " In your eyes", "Don't give up" porté par un joli numéro vocal d'Ane Brun, officiant comme choriste tout au long du set au coté de Mélanie, la fille de Peter, et un
instrumental" The Nest that sailed the Sky" tiré de "Ovo interprété par l'orchestre seul histoire de se quitter en douceur ...
" Ca fait 37 ans que je viens ici..de temps en temps... Ici c'est chez vous, mais c'est aussi un peu chez moi "
Presque 3 heures de show, l'ange Gabriel quitte la scène ...
A la sortie Marc Isaye a le sourire...et il n'est pas le seul.
1ère partie :
Heroes
The boy in the bubble
Mirrorball
Flume
Listening wind
The power of the heart
My body is a cage
The book of love
I think it’s going to rain today
Après moi
Philadelphia
Street spirit
2ème partie:San Jacinto
Digging in the dirt
Signal to noise
The blood of Eden
The rhythm of the heat
Downside up
Mercy street
Red rain
Intruder
Solsbury Hill
Encore:
In your eyes
Don’t give up
The nest that sailed the sky