Desperate Housewives
(2004-.., ABC)
Il est assez difficile d'expliquer rationnellement le pourquoi de ce choix. Desperate Housewives, actuellement, ce serait une série dont je n'aurais pas dépassé les deux ou trois premiers épisodes. Nous nous serions quittés sans rancune, dans l'indifférence générale, et je l'aurais vite oubliée, ne conservant en sourdine qu'un buzz lointain dans les médias. Malheureusement, ma rencontre avec cette série eut lieu en 2004-2005. A une époque où je me dis que je manquais sans doute encore de recul dans ma façon de vivre ma passion pour les séries.
Devant le succès qui accompagna sa première saison, je m'étais naïvement persuadée qu'il était possible de percer les raisons de cet étrange engouement : un besoin de compréhension vaguement masochiste m'amena donc à persévérer... au-delà du raisonnable. Pour être franc, la question "qu'est-ce que le public peut bien trouver à Desperate Housewives ?" fut un des deux grands mystères de cette saison téléphagique 2004-2005 (L'autre grand mystère consistait à s'interroger sur le phénomène Lost. Je crois d'ailleurs que c'est cette saison-là qui consacra probablement mon divorce avec une certaine télévision américaine ; et comme ce désamour me prit un peu par surprise, cela explique aussi mon obstination sur le moment).
Mes premières impressions sur Desperate Housewives n'avaient pas été très positives. Derrière son fil narratif tiré à quatre épingles, elle me semblait surtout excessivement creuse, un peu vaine et pas vraiment divertissante, proposant un portrait banlieusard étriqué d'un certain milieu qui ne suscitait en moi qu'une profonde envie d'ailleurs. Je n'aimais pas l'image renvoyée, je n'aimais pas la tonalité. Certains clichés m'horripilèrent. L'état d'esprit m'agaça. J'étais en plus insensible aux piques d'humour supposé de cette dramédie. Mon erreur fut de m'entêter et de poursuivre jusqu'au bout de la première saison... Mon seuil de tolérance avait été dépassé depuis bien longtemps lorsqu'elle se conclut. Si je reconnais que cette fiction ne mérite probablement pas le ressentiment que j'ai gardé à son encontre, l'effort que j'ai produit pour elle - et les débats stériles que j'ai pu avoir sur les forums - fait que j'en conserve une allergie tenace.
Pourtant, je lui suis reconnaissante sur un point. Son grand mérite a été de m'avoir fait mûrir téléphagiquement : elle m'a définitivement guéri de ce besoin naturel à tout téléphage socialisant qui est de vouloir "faire comme tout le monde". Grâce à elle, je me suis affranchie cette sourde inquiétude. Chacun ses affinités, et tout le monde se porte mieux. Il faut se faire une raison, je ne suis pas quelqu'un qui peut suivre une série sur le long terme juste pour une histoire de culture télévisuelle (même pour des monuments téléphagiques considérés comme incontournables), ou pour pouvoir ensuite donner son opinion "éclairée" (fut-elle négative). Forcer sa nature ne mène à rien, ce fut une leçon douloureuse, mais instructive.
Donc, sans rancune envers Desperate Housewives (il en fallait bien une qui m'apporte cette expérience)... si ce n'est que... non, je ne l'aime vraiment pas cette série ! (Même si je comprend bien, du moins sur un plan théorique, pourquoi elle a pu (et peut toujours ?) plaire.)