Prenez en de la graine Madame Bachelot !

Publié le 18 septembre 2010 par Nicolas007bis



Il y a des sujets qui sont du pain béni pour les bloggeurs qui, comme moi, sont fainéants ou trop occupés (je vous laisse le soin d’associer le « comme moi » à fainéants ou trop occupé sachant que les 2 ne sont pas incompatibles). Ce sont les sujets sur lesquels on écrit une fois et qu’on peut recycler régulièrement au fur et à mesure que l’actualité vous ramène le dit sujet sur le devant de la scène. Bon, évidemment, cela suppose que vous ne vous soyez pas trop planté la première fois.

Parmi les marronniers de ce blog on trouve bien placé, le cumul des mandats, les déficits publics ou la baisse de la TVA dans la restauration sur laquelle je me suis exprimé à 3 reprises !

Voilà que ces jours-ci 2 sujets sur lesquels je me suis déjà exprimé, viennent frapper à la porte de la catégorie « pain béni pour les bloggeurs qui, comme moi, sont fainéants ou trop occupés ».

Le premier concerne la levée de l’anonymat des donneurs de sperme, le second fera l’objet d’un petit billet ultérieur.

La question de l’anonymat des donneurs de sperme ne me concerne pas directement puisque je ne suis ni le fruit d’une insémination artificielle, ni donneur et évidemment pas receveur, pour autant il a le don de m’énerver !

Il se trouve que cette question, maints fois évoquée depuis quelques années, a été le thème d’un de mes premiers billets sur ce blog. J’en parlais déjà en 2006 pour dire tout le mal que je pensais de cette proposition, nième méfait du « Droit de savoir » qui sévit de plus en plus dans nos sociétés de voyeurs !

A l’époque, je posais, avec une certaine élégance, la question en ces termes : « pourquoi devrait-on connaître celui qui a, comme beaucoup d'autres, éjaculé dans une éprouvette, et plus précisément dans l'éprouvette qui, comme au loto, a été tirée au sort pour féconder Maman ?

Mais pourquoi donc ? Que représente cet homme ? Pourquoi vouloir le faire passer comme ça du statut de parfait inconnu au statut de père biologique ? … ça me paraît non seulement absurde mais également dangereux ! … »

En 2009, rebelote, la lecture d’un entretien de Roselyne Bachelot dans lequel elle se prononçait en faveur de la levée de l’anonymat des dons de gamètes (spermatozoïdes et ovocytes), au nom du droit à la connaissance de ses parents biologique, avait déclenché chez moi une réaction similaire et j’avais pris mes 10 meilleurs doigts pour écrire notamment ceci :

« Lever l’anonymat risque de changer fondamentalement la nature du « geste » du donneur (non, non n’imaginez rien d’obscène). On passe d’un geste qui relève du don « gratuit » et définitif (c'est-à-dire sans suite), à un acte responsable et impliquant !...Le donneur pourra voir débouler à n’importe quel moment de sa vie, le résultat de son offrande ! ».

Et voilà qu’en début de ce mois de Septembre 2010, Roselyne Bachelot nous révèle que le projet de révision des lois de bioéthique qui sera présenté au Parlement en Novembre, prévoit « un droit d’accès aux données non-identifiantes, ainsi qu’une levée de l’anonymat du donneur, si celui-ci y consent ».

Mêmes causes mêmes effets, hop on remet 2 euros dans le bourrin et c’est reparti !

Mais comme je n’ai pas grand-chose à rajouter ni à soustraire à mes 2 précédents excellents billets sur le sujet, je me contenterais de vous suggérer de les lire et pour ceux qui n’en n’ont pas le courage, je vais en reprendre quelques extraits :

En 2009, je m’interrogeais sur le risque que pouvait causer une telle situation sur l'équilibre familial :

« En introduisant dans le couple parental, une troisième personne au statut nécessairement ambigu au moins pour l’enfant, ne risque t’on pas de perturber «l'équilibre familial» ?

L’enfant ne risque t’il pas de se comparer à son père biologique, de chercher et donc de trouver ou d’imaginer, une ressemblance, des points communs qui l’amèneront à vouloir en savoir encore plus et à créer une relation avec ce vrais faux père au détriment de celle qu’il a ou devrait avoir avec son père. »

Je m’interrogeais également sur les réelles motivations de ceux qui affirment comme essentiel de connaitre leurs origines !

Quelques éléments de réponse m’avaient été apportés par la lecture d’un entretien pour Le Figaro, d’Arthur Kermalvezen, militant du droit de savoir, et auteur de « Né de spermatozoïde inconnu » !

Il en ressortait clairement que ce jeune homme qui lutte férocement pour faire lever l’anonymat des donneurs, est pour le moins perturbé. Il s’est engagé dans une longue psychanalyse parce qu’il ne connait pas le donateur du sperme dont il est issu !

Dans cet entretien, il justifiait son mal être et son engagement, par l’absence de visibilité sur d’éventuelles maladies génétiques dont il pourrait éventuellement souffrir ou parce que, par erreur, il risque d’épouser sa sœur !!!!

A l’époque déjà, les motivations évoquées ne m’apparaissaient que peu convaincantes !

Or, c’est cette même argumentation que je retrouve, dans le 20minutes du 2 septembre 2010, dans la bouche de Raphaël Molenat, avocat spécialisé en bioéthique, lui aussi né de spermatozoïde inconnu:

« On m’interdit de connaître une partie du puzzle qui me constitue » … J’ai besoin de savoir, « pour arrêter de me demander si la fille avec qui je sors est ma demi-soeur »

Je ne sais pas vous mais intuitivement j’aurais tendance à trouver cette argumentation plutôt bidon !

Et cette intuition semble confirmée par les propos du psychologue Jean-Loup Clément qui dans ce même 20minutes nous confirme que « Concernant le fantasme d’inceste, la probabilité est nulle, nous l’avons étudiée ».

Comment comprendre, dans ce cas, que les autorités politiques aient pu céder à une demande aussi peu argumentée !

D’autant plus que la levée de l’anonymat, outre les dommages évoqués plus haut, présente le risque d’effrayer les donneurs qui, dans une étude datant de 2006, étaient 2/3 à affirmer qu’ils arrêteraient leurs dons s’ils fallait y associer son identité !

Et puis, même si le texte prévoit de ne lever l’anonymat qu’avec l’accord du donneur, que se passera-t-il si seul 1/3 d’entre eux accepte ?

L’information sera-t-elle donnée aux parents qui pourront choisir comme fournisseur, un donneur anonyme ou non ?

Et si ce n’est pas le cas, parmi ceux qui tiennent absolument à savoir qui est leur « tonton spermato » certains le pourront et d ‘autres pas parce qu’ils auront eu la « malchance » de tomber sur un anonyme !

4 ans après ma première réflexion et réaction sur le sujet, rien n’a changé, je n’ai pas changé d’avis et je me contenterais de ressortir la citation d’un certain Christophe, issu d’une insémination artificielle avec donneur, qui concluait mon précédent billet : «tout comprendre et maîtriser des origines, c'est n'importe quoi : un donneur n'est qu'une poignée de spermatozoïdes, pas celui qui nous élève ! »

Une poignée de spermatozoïdes, Il avait bien raison ce Christophe, ce sont des gens équilibrés comme lui que vous devriez écouter Madame Bachelot d’autant qu’ils sont largement majoritaires parmi les enfants d'un don (sic Jean-Luc Bresson Président des Cecos), prenez en de la graine Madame Bachelot !