Il y a des sujets qui sont du pain béni pour les bloggeurs qui, comme moi,
sont fainéants ou trop occupés (je vous laisse le soin d’associer le
« comme moi » à fainéants ou trop occupé sachant que les 2 ne sont
pas incompatibles). Ce sont les sujets sur lesquels on écrit une fois et qu’on
peut recycler régulièrement au fur et à mesure que l’actualité vous ramène le
dit sujet sur le devant de la scène. Bon, évidemment, cela suppose que vous ne
vous soyez pas trop planté la première fois.
Parmi les marronniers de ce blog on trouve bien placé, le cumul des mandats,
les déficits publics ou la baisse de la TVA dans la restauration sur laquelle
je me suis exprimé à 3 reprises !
Voilà que ces jours-ci 2 sujets sur lesquels je me suis déjà exprimé,
viennent frapper à la porte de la catégorie « pain béni pour les bloggeurs
qui, comme moi, sont fainéants ou trop occupés ».
Le premier concerne la levée de l’anonymat des donneurs de sperme, le second
fera l’objet d’un petit billet ultérieur.
La question de l’anonymat des donneurs de sperme ne me concerne pas
directement puisque je ne suis ni le fruit d’une insémination artificielle, ni
donneur et évidemment pas receveur, pour autant il a le don de m’énerver
!
Il se trouve que cette question, maints fois évoquée depuis quelques années,
a été le thème d’un de mes premiers billets sur ce blog. J’en parlais déjà en
2006 pour dire tout le mal
que je pensais de cette proposition, nième méfait du « Droit de
savoir » qui sévit de plus en plus dans nos sociétés de voyeurs
!
A l’époque, je posais, avec une certaine élégance, la question en ces
termes : « pourquoi devrait-on connaître celui qui a, comme
beaucoup d'autres, éjaculé dans une éprouvette, et plus précisément dans
l'éprouvette qui, comme au loto, a été tirée au sort pour féconder Maman
?
Mais pourquoi donc ? Que représente cet homme ? Pourquoi
vouloir le faire passer comme ça du statut de parfait inconnu au statut de père
biologique ? … ça me paraît non seulement absurde mais également
dangereux ! … »
En 2009, rebelote,
la lecture d’un entretien de Roselyne Bachelot dans lequel elle se prononçait
en faveur de la levée de l’anonymat des dons de gamètes (spermatozoïdes et
ovocytes), au nom du droit à la connaissance de ses parents
biologique, avait déclenché chez moi une réaction similaire et j’avais
pris mes 10 meilleurs doigts pour écrire notamment ceci :
« Lever l’anonymat risque de changer fondamentalement la nature du
« geste » du donneur (non, non n’imaginez rien d’obscène). On passe
d’un geste qui relève du don « gratuit » et définitif (c'est-à-dire
sans suite), à un acte responsable et impliquant !...Le donneur pourra voir
débouler à n’importe quel moment de sa vie, le résultat de son offrande !
».
Et voilà qu’en début de ce mois de Septembre 2010, Roselyne Bachelot nous
révèle que le projet de révision des lois de bioéthique qui sera présenté au
Parlement en Novembre, prévoit « un droit d’accès aux données
non-identifiantes, ainsi qu’une levée de l’anonymat du donneur, si celui-ci y
consent ».
Mêmes causes mêmes effets, hop on remet 2 euros dans le bourrin et c’est
reparti !
Mais comme je n’ai pas grand-chose à rajouter ni à soustraire à mes 2
précédents excellents billets sur le sujet, je me contenterais de vous suggérer
de les lire et pour ceux qui n’en n’ont pas le courage, je vais en reprendre
quelques extraits :
En 2009, je m’interrogeais sur le risque que pouvait causer une telle
situation sur l'équilibre familial :
« En introduisant dans le couple parental, une troisième personne
au statut nécessairement ambigu au moins pour l’enfant, ne risque t’on pas de
perturber «l'équilibre familial» ?
L’enfant ne risque t’il pas de se comparer à son père biologique, de
chercher et donc de trouver ou d’imaginer, une ressemblance, des points communs
qui l’amèneront à vouloir en savoir encore plus et à créer une relation avec ce
vrais faux père au détriment de celle qu’il a ou devrait avoir avec son
père. »
Je m’interrogeais également sur les réelles motivations de ceux qui
affirment comme essentiel de connaitre leurs origines !
Quelques éléments de réponse m’avaient été apportés par la lecture d’un
entretien pour Le Figaro, d’Arthur Kermalvezen, militant du droit de savoir, et
auteur de « Né de spermatozoïde inconnu » !
Il en ressortait clairement que ce jeune homme qui lutte férocement pour
faire lever l’anonymat des donneurs, est pour le moins perturbé. Il s’est
engagé dans une longue psychanalyse parce qu’il ne connait pas le donateur du
sperme dont il est issu !
Dans cet entretien, il justifiait son mal être et son engagement, par
l’absence de visibilité sur d’éventuelles maladies génétiques dont il pourrait
éventuellement souffrir ou parce que, par erreur, il risque d’épouser sa sœur
!!!!
A l’époque déjà, les motivations évoquées ne m’apparaissaient que peu
convaincantes !
Or, c’est cette même argumentation que je retrouve, dans le 20minutes du 2
septembre 2010, dans la bouche de Raphaël Molenat, avocat spécialisé en
bioéthique, lui aussi né de spermatozoïde inconnu:
« On m’interdit de connaître une partie du puzzle qui me
constitue » … J’ai besoin de savoir, « pour arrêter de me demander si
la fille avec qui je sors est ma demi-soeur »
Je ne sais pas vous mais intuitivement j’aurais tendance à trouver cette
argumentation plutôt bidon !
Et cette intuition semble confirmée par les propos du psychologue Jean-Loup
Clément qui dans ce même 20minutes nous confirme que « Concernant le
fantasme d’inceste, la probabilité est nulle, nous l’avons étudiée
».
Comment comprendre, dans ce cas, que les autorités politiques aient pu céder
à une demande aussi peu argumentée !
D’autant plus que la levée de l’anonymat, outre les dommages évoqués plus
haut, présente le risque d’effrayer les donneurs qui, dans une étude datant de
2006, étaient 2/3 à affirmer qu’ils arrêteraient leurs dons s’ils fallait y
associer son identité !
Et puis, même si le texte prévoit de ne lever l’anonymat qu’avec l’accord du
donneur, que se passera-t-il si seul 1/3 d’entre eux accepte ?
L’information sera-t-elle donnée aux parents qui pourront choisir comme
fournisseur, un donneur anonyme ou non ?
Et si ce n’est pas le cas, parmi ceux qui tiennent absolument à savoir qui
est leur « tonton spermato » certains le pourront et d ‘autres pas
parce qu’ils auront eu la « malchance » de tomber sur un anonyme
!
4 ans après ma première réflexion et réaction sur le sujet, rien n’a changé,
je n’ai pas changé d’avis et je me contenterais de ressortir la citation d’un
certain Christophe, issu d’une insémination artificielle avec donneur, qui
concluait mon précédent billet : «tout comprendre et maîtriser des
origines, c'est n'importe quoi : un donneur n'est qu'une poignée de
spermatozoïdes, pas celui qui nous élève ! »
Une poignée de spermatozoïdes, Il avait bien raison ce Christophe, ce sont des gens équilibrés comme lui que vous devriez écouter Madame Bachelot d’autant qu’ils sont largement majoritaires parmi les enfants d'un don (sic Jean-Luc Bresson Président des Cecos), prenez en de la graine Madame Bachelot !