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Je m’en vais rêvant par les chemins… (Antonio Machado)

Par Arbrealettres
Je m’en vais rêvant par les chemins… (Antonio Machado)

Je m’en vais rêvant par les chemins
Du soir. Les collines
Dorées, les pins verts
Les chênes poussiéreux ! …
Où peut-il aller, ce chemin?

Je m’en vais chantant, voyageur
Le long du sentier…
Le jour s’incline lentement.
« Devant mon coeur était clouée
L’épine d’une passion;
Un jour j’ai pu me l’arracher :
Je ne sens plus mon cœur. »

Et toute la campagne un instant
Demeure, muette et sombre,
Pour méditer. Le vent retentit
Dans les peupliers de la rivière.

Mais le soir s’obscurcit encore;
Et le chemin qui tourne, tourne,
Et blanchit doucement,

Se trouble et disparaît.
Mon chant recommence à pleurer :
« Épine pointue et dorée,
Ah! si je pouvais te sentir
Dedans mon cœur clouée. »

***

Yo voy sonando caminos…

Yo voy soisando caminos
De la tarde. Las colinas
Doradas, los verdes pinos,
Las polvorientas encinas ! …
Adonde el camino ira?

Yo voy cantando, viajero
A lo largo del sendero…
—La tarde cayendo esta—.
«En el corazôn tenia
«La espina de una pasion;
«Logré arrancarmela un dia:
«Ya non siento el corazôn ».

Y todo el campo un momento
Se queda, mudo y sombrio,
Meditando. Suena et viento
En los alamos del rio.

La tarde mas se oscurece;
Y el camino que serpea
Y débilmente blanquea,
Se enturbia y desaparece.

Mi cantar vuelve a plaisir:
«Aguda espina dorada,
Quién te pudiera sentir
En el corazôn clavada».

(Antonio Machado)



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