Magazine Journal intime

Débris

Par Eric Mccomber
Débris
Je suis assis sous un arbre avec ma petit gratte pas chère. Je passe d'un truc à l'autre avec désinvolture, généralement en ordre de tonalités et par voisinage de rythmes. C'est-à-dire que le dernier mi de Sitting on the dock of the bay devient volontiers le premier de Born on the Bayou, dont l'ultime sustenato semble appeler de ses vœux le groove de Midnight Hour, dont j'ai toujours aimé faire arriver l'apothéose sur le ré de l'intro, prétexte délicieux à tripoter le yodle de l'accroche de Bed on the Floor. Et cætera. Une fois avec mon vieux pote Matt, on s'était pris à ce jeu pendant le soundcheck et les pièces s'étaient télescopées tant et si bien et de si belle façon qu'à un moment, sans qu'on ait vu passer le temps, Yvan le barman était venu nous avertir qu'il était presque 4h et qu'il fallait fermer avant que les flics ne verbalisent.
Bref. De retour dans l'ombre des feuilles dandinantes, sous le vent sucré des vendanges gestantes, avec ma turlurette dans les bras. Les heures passent et d'association en coïncidence, je me retrouve à zigonner les accords d'une ancienne, poussiéreuse, antédiluvienne compote à moi. Je m'arrête pour boire une gorgée, je me renverse dans l'herbe et je tente de me remémorer un peu la genèse du machin. Je revois l'appartement où je l'ai écrite. Le piano était carré dans l'angle d'une alcôve au sous-sol. C'était à Rosemont. Je fais un rapide calcul… Bon-sang-de-bonsoir-de-rutabaga-écrapou ! Cette chanson est plus vieille que ma blonde !© Éric McComber

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