Après les dirigeants et l'ex-entraîneur, ce sont désormais les joueurs qui risquent de subir la vindicte populaire. Non sans raisons au regard de leur prestation face à Troyes. Leur manque de combativité après l'ouverture du score troyenne est en effet très mal passé auprès du public du Stade des Alpes et, plus important, de leur entraîneur.
On attendait pourtant autre chose après la victoire à Istres, pleine de promesses sur le plan de l'état d'esprit à défaut d'être rassurante sur le plan du jeu. Mais les Isérois ont enchaîné sur une troisième défaite consécutive à domicile, sans qu'il y ait à crier à l'injustice. Sans un Viviani plutôt inspiré en fin de rencontre, l'addition aurait même pu être beaucoup plus salée.
Si l'équipe débutait dans le 4-4-2 annoncé, avec Abardonado dans le rôle de sentinelle et Ravet légèrement en deça des deux pointes, le système a largement évolué toute la partie, au gré des permutations, des décrochages des joueurs et du coaching.
4-1-4-1, 4-1-3-2, finalement peu importe, le plus important étant l'animation que les acteurs y mettent. Celle-ci fut d'ailleurs plutôt bonne pendant la première demi-heure.
Une occasion pour symboliser l'envie des Grenoblois de jouer vers l'avant. Complètement excentré côté droit – comme souvent pendant le match – Ravet servait Lasimant côté opposé qui remettait instantanément pour Mendy dont le centre trouvait un Mandrichi malheureusement hors-jeu. Nous avions donc le supposé meneur de jeu et une des deux pointes tous les deux collés à une ligne de touche, esseulant du même coup Mandrichi dans la surface adverse. Sauf qu'à peine la transversale de Ravet arrivée à destination, Dieuze et Johansen se projetaient dans la zone de vérité, de telle sorte que le centre de Mendy, lui aussi positionné particulièrement haut sur l'action, avait trois destinataires possibles.
Cette volonté de jouer haut est sans conteste ce qui dénote le plus par rapport à la période Bazdarevic. Les Isérois ont longtemps cherché à jouer en bloc, avec jamais plus de 60m entre Mandrichi et le dernier défenseur, et à exercer un pressing très haut. Il n'a ainsi pas été rare de voir Mainfroi allait chercher son adversaire dans le camp troyen ou Dieuze presser aux 30 mètres adverses.
Au rayon des satisfactions, toujours cantonnées au premier tiers du match, l'alignement de la défense du GF38 qui a souvent mis hors-jeu les attaquants de l'ESTAC, parfois avec un peu de vice (Abardonado poussant légèrement son adversaire vers l'avant ). Avec une équipe évoluant haut et des défenseurs peu réputés pour leur vivacité, c'est une quasi-obligation de bien maîtriser cet aspect du jeu, on l'a notamment vu en fin de match quand des boulevards se sont ouverts devant les attaquants troyens.
C'est à peu près les seuls points positifs que l'on peut dégager. Le reste oscilla entre le moyen et le très mauvais. Le GF38 manque aujourd'hui cruellement de technicité, notamment au milieu. Johansen, toujours pas au top, puis Taïder, encore un peu tendre, n'ont pas eu l'impact escompté sur le jeu. Loin de là, alors que le GF38 a besoin d'un joueur capable de sortir proprement la balle et de donner du rythme au jeu.
Grenoble a bien affiché une belle volonté de jeu à une touche de balle en début de match mais avec au final beaucoup de déchets. La suite consista en un porté systématique du ballon, plus par manque de solutions que par individualisme.
Les relances ont aussi été souvent mauvaises, notamment celles d'Abardonado. Paillot a bien essayé d'alterner avec quelques intéressantes montées mais globalement l'équipe de Pouliquen n'a pas eu des lancements de jeu très sains. La faute, en partie, au très bon pressing troyen qui a constamment perturbé les premières relances.
Pour finir, et ce n'est pas une nouveauté, le jeu isérois manque de latéralité. L'effectif comporte énormément de joueurs axiaux, quelques joueurs polyvalents et un seul vrai spécialiste offensif (Tinhan). Lasimant s'est montré combatif à gauche, Ravet a un peu tenté à droite mais ce fut globalement insuffisant pour apporter le danger par les côtés.
Les latéraux peuvent également bien mieux faire à ce niveau là. Mendy a réussi une entame de partie plutôt bonne sur le plan offensif mais sa volonté s'est étiolée au fil des minutes. Quant à Mainfroi, s'il a quasiment fini le match milieu gauche, son premier centre n'est intervenu qu'à la 75ème minute.
Rien que sur le plan « technique », le chantier est encore vaste. Quand en plus l'état d'esprit ne suit pas... Il faudra faire bien mieux à tous les niveaux à Nantes pour ne pas déjà repartir dans une spirale de défaites.
Frédéric Sougey