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« Les jeunes vont pas se déplacer pour t’aider… »

Publié le 17 septembre 2010 par Philippejandrok

C’est la remarque d’un lycéen choqué à la suite de l’agression d’un de ses camarades à la sortie du Lycée professionnel Jean-Lurçat, dans le XIIIe arrondissement de Paris.

Bandes rivales, règlement de compte, qui sait ?

Une mise en abyme de la vie dans la cité. Il ne fait aucun doute que cette agression, ce règlement de compte a été menée par un groupe de lâches, car dix contre un, armés de battes de baseball, c’est qu’il ne faut pas en avoir beaucoup dans la culotte pour agir ainsi. L’émulation de groupe, la force dans le groupe, du groupe, mais si l’on fait tomber le leader, le groupe se délite, il tient à peu de chose ce groupe dirigé par une philosophie archaïque, faussement tribale et en tout point ridicule, un ridicule qui tue en l’occurrence, ce qui est parfaitement regrettable.

Dans cette affaire, cette phrase a retenu mon attention :

« Les jeunes vont pas se déplacer pour t’aider… »

La dernière fois que j’ai prit le bus en semaine, il était 16h30, les adolescents rentraient de l’école et se bousculaient pour avoir une place assise sans le moindre respect pour les personnes âgées où les femmes enceintes. Quand j’étais enfant, mes parents m’avaient habitué à laisser ma place, mais les bonnes habitudes se perdent. Une femme noire a souhaité entrer dans le Bus par le milieu avec sa poussette. J’acquittais mon ticket de transport à l’avant et une jeune fille demanda au chauffeur :

-    Pourriez-vous ouvrir la porte au milieu, il y a une femme avec un berceau qui voudrait entrer.

-    Oui, tout de suite, et il ouvrit la porte en pressant sur un bouton.

La femme, seule avec son bébé de quelques mois tentait d’entrer en vain, personne ne l’aidait. J’avais le choix, m’assoir et la regarder faire comme 90% des personnes présentes ou l’aider. Une autre femme noire est intervenue pour l’aider, mais ce n’était pas suffisant le berceau ne rentrait toujours pas.

-    Mais si, cela va entrer, retirez le couffin svp, lui demandais-je.

Elle pensait vraiment pouvoir entrer sa poussette sans la démonter, en vain, puis je réitérais ma demande - retirez le couffin svp - elle sortit son enfant endormi, le passa à l’autre femme, durant l’opération, sa veste en cuir et son sac tombèrent à l’extérieur du bus sur le sol, je les ramassais, de son côté, le chauffeur s’impatientait :

-    Il y a un autre bus qui arrive dans cinq minutes… cria-t-il.

-    Oui, mais il y a ici une femme et un bébé qui ne peuvent pas entrer. Lui répondis-je. Allez dépêchez-vous, donnez-moi le couffin, ça va rentrer, je vous assure.

Finalement, la jeune femme suivit mon conseil et retira le couffin que je saisis aussitôt, et la poussette fut pliée et jetée dans le bus dans l'urgence. Un jeune homme debout derrière moi, la tira vers l’intérieur, la porte se ferma et le bus partit. Elle me remercia comme si je lui avais sauvé la vie, je lui répondis que ce n’était pas la peine et que c’était tout à fait naturel.

Autour de nous, les jeunes n’avaient pas bougé, ils nous avaient observé nous battre contre cette porte avec cette poussette qui ne voulait rien savoir, confortablement installés en jouant avec leur téléphone potable, leur tout nouveau Iphone4, leur Mp3. Une fois le sauvetage terminé, je cherchais éventuellement une place assise, évidemment, j’avais passé mon tour et nul se le leva pour céder la sienne et pourquoi l’auraient-ils fait ? Pourtant, un de ceux-là m’avait bien piqué ma place et il se frottait les mains de me voir chahuter par les mouvements sinueux du bus à travers la ville, il m’avait piqué ma place assise parce que je me préoccupais d’aider mon prochain et que l’autre, l’inactif, le fatigué, l’épuisé de 15 ans avait autre chose à faire que de se préoccuper de son voisin, il soignait son petit confort.

Oh, je ne regrette absolument pas ce que j’ai fait, je l’assume complètement et même si c’était à refaire, je recommencerais à aider des gens de toutes les couleurs qui ont besoin qu’on leur tende la main, non, ce qui me choque c’est la passivité, l’inactivité de ce public, son égoïsme, son manque de réflexion, cette fermeture, cette fuite et cette lâcheté qui fait que « Les jeunes vont pas se déplacer pour t’aider… ».

En Amérique du Sud ce type de comportement n’arrive que très rarement, dans de nombreux pays, il y a encore un certain respect de la personne, mais chez nous, le détachement est tel que l’on ne voit plus clair, on ne voit qu’au travers d’œillères qui limitent non seulement la vision mais également la pensée et c’est cela que je trouve le plus choquant, car si la pensée reste fermée, il n’y a plus d’évolution possible et le monde lui-même devient trop petit, médiocre, malingre, à l’image de ceux qui le font.

Comment voulez-vous qu’il y ait une amélioration des comportements sociaux si les jeunes s’enferment dans une forme d’égocentrisme destructeur du tissu social ?

- Hey, les parents, oui, vous, c’est à vous que je parle, c’est à vous d’éduquer vos enfants et vous tenez une forte responsabilité dans ce type de comportement. Ils ne sont pas nécessairement coupables, ils sont justes malléables et perdus, alors faites un effort et permettez leur de construire une société pour tous, avec tous, ensemble.

Si après cette note vous n’avez toujours pas compris, je baisse les bras…

Nous vivons une époque formidable…


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