Par ce qu’il voit tout par le petit bout de la lorgnette, le président de la République voisine ignore les règles de base du fonctionnement de l’Europe. Parce qu’il croit que les commissaires issus de son pays seraient sous la botte de l’Elysée, il ignore qu’un commissaire européen n’est pas un national, mais une personnalité indépendante oeuvrant dans un intérêt supranational.
En l’occurrence lorsque la vice-présidente de l’exécutif européen
Mme Viviane Reding condamne fermement la France, Etat membre dont de surcroît l’un des ministres (Eric Besson) lui avait menti huit jours avant, elle n’est pas seulement dans son droit, mais ne
fait que son devoir.
Attaquer dès lors le Grand-Duché, comme le président Sarkozy vient de le faire, est inadmissible et stupide. „Le Luxembourg n’a qu’à accueillir des Roms“, fut le
glorieux propos du grand président. La réponse est aisée: la France n’a qu’à respecter les droits de l’homme et le droit européen. Car Paris n’est pas au-dessus des lois. Ce que firent remarquer
les Nations Unies avant Strasbourg et Bruxelles et avant les Etats-Unis en personne. Fort de l’unique et piètre soutien de Berlusconi, Sarkozy n’a pas de quoi être fier. Et attaquer Reding sur
une soi-disant maladresse n’est pas signe de grandeur et de détachement.
D’ailleurs la maladresse n’en fut pas une. Car ce furent bien lesdits Tsiganes qui – en premiers – eurent le sinistre honneur des camps de concentration! Le fond du
problème ne sont pas les Roms (au fait, où est passée la fierté de l’acquis culturel manouche dans la France de Django Reinhardt, l’oncle de Sacha Distel?). C’est la faiblesse de Nicolas Sarkozy
qui a complètement perdu la main. S’il eut, en 2007, un programme (cf. la rupture), il n’eut aucune idée sur l’exercice du pouvoir. D’où le chaos ambiant.
L’homme aspirait au pouvoir. Il n’est pas armé humainement à l’exercer et donc ne le maîtrise pas. Il a courtisé quelques traitres de gauche. Désormais il convoite
l’électorat de l’extrême droite. Alors il faut semer la peur, créer des boucs émissaires.
Halte-là!
Mais quelle personne est-on quand on stigmatise un groupe en faisant croire que son renvoi changera la donne? Est-ce que le départ de mille Roms modifiera en quoi
que ce fût l’énorme problème des banlieues françaises?
Peut-on réellement croire qu’en privant de leur nationalité quelques criminels, on viendra au bout du chômage, de l’illettrisme, de la drogue, de la délinquance
dans les „quartiers“?
Le pire est que ce président-là, qui n’a cessé de critiquer ses prédécesseurs, finira par transformer l’essence même de son si beau pays et faire d’une majorité de
ses concitoyens des xénophobes inconscients, un brin fascistoïdes sans même se rendre compte que ce sont les fondements même de la démocratie française et de la république qui sont désormais
ébranlés.
Mais que dire à un peuple qui pense qu’il est en droit, par président interposé, de donner des leçons au monde entier, alors que lui, parce que si „grande nation“,
n’a pas à accepter la moindre critique venue d’ailleurs?
Ah, les Autrichiens, jadis moqués et dénigrés suite à la coalition Schüssel-Haider et contrôlés par l’Europe soucieuse du droit des minorités par Vienne, doivent se
marrer …
Ceux et celles qui chérissent la France, qui ont grandi à l’ombre de sa culture, qui se sont enrichis grâce aux beaux concepts de la terre d’accueil, de la patrie
des droits de l’homme, des principes de l’égalité, de la fraternité, oui de la liberté, n’ont plus que leurs yeux pour pleurer tant le spectacle des Sarko, Hortefeux, Besson et autres Lellouche
(trouvez donc la faille dans ces quatre qui ne jurent que par les Français „de souche“) est triste. La France des Lumières mérite-t-elle ses gouvernants? La France des poètes et des philosophes
mérite-t-elle des citoyens ânonnant ce qu’on leur répète à longueur des discours et de déclarations?
Oui, ça suffit amplement. Que le travail de sape s’arrête donc! Par le passé, le Luxembourg a toujours été aux côtés de la France. Voilà qu’il en va des
Luxembourgeois comme des harkis. En guise de remerciement, le mépris. C’est ça la France?
Danièle Fonck