Juré d’assises

Par Peanloic

   J'eus ce privilège d'être juré d'assises,

   Privilège oui,car vous en revenez toute conscience modifiée,

  Vos certitudes de sévérité sont,croyez-moi,bien battues en brèche,

   Car toujours,ce sont des êtres brisés,torturés,assaillis de mille questions en eux,

   Que vous devez juger.

   Séparer le bien du mal n'est une sinécure,

   C'est bien vous qui avez en votre âme et conscience,

   L'avenir d'un homme ou d'une femme,et surtout d'un semblable,

   On vous donne la toile et les pinceaux,à vous de peindre ce futur bien incertain,

   Vous apprenez le terme de circonstance atténuante,

   Il vous suffit à chaque fois de changer votre regard de quelques degrés,

   Une autre souffrance apparait alors,

   Des vies condamnées pour toujours à porter un chagrin qu'elles essaieront d'oublier vainement,

   Des enfants qui comprennent qu'ils ne peuvent tout comprendre,

   De la haine,de la révolte pour certains,

   De l'incompréhension pour d'autres,

   Pour tous des regards qui ne regardent,mais qui interrogent,

   Un juge,des assesseurs,des avocats,des femmes et des hommes de loi qui impressionnent,

   Vous êtes le contre-poids civil,un esprit neutre,

  Vous devez être juste,évacuer tout stress totalement inutile,

  Vous vous interrogez tout simplement,être honnête en vous-même,

   Votre mission est noble,appliquer la juste justice.

   Une fois accomplie,toutes craintes et incertitudes évacuées,

   Tant de visages restent en votre mémoire,

   De questions restées sans réponses,

   Mais vous savez que vous avez joué un rôle important,

   La destinée d'une personne ne peut être uniquement décidée par des experts ou des professionnels juridiques,

   Les jurés d'assises doivent demeurer.