A l’heure où subsistent toujours des doutes sur la vigueur de la reprise économique dans le monde et où de nombreux pays se serrent la ceinture afin de réduire leur déficit budgétaire, notamment en Europe, s’il y a un secteur qui n’a pas vraiment été affecté, c’est bien le secteur militaire.
Au niveau mondial, le budget militaire a cru de 5,9% à 1 531 milliards de dollars entre 2008 et 2009, en hausse de 49% par rapport à l’an 2000. Des pays comme la Chine ont vu leurs dépenses progresser de 17,6% en 2008 et ensuite de 14,8% en 2009, se portant alors à 56 milliards d’euros.
Concernant la France, le budget de la défense s’établit maintenant à 32,15 milliards d’euros, en hausse de 6% par rapport au niveau de 2008, grâce notamment à une hausse du niveau d’équipement de l’armée. Cette situation contraste avec la volonté de l’Etat d’améliorer ses recettes et de réduire ses dépenses en particulier au détriment de certaines politiques sociales. Il est vrai que le secteur militaire n’est pas à négliger dans le monde d’aujourd’hui, mais les 300 millions d’euros dépensés par la France en Afghanistan ne pourraient-t-ils pas, par exemple, être investis d’une façon plus profitable pour tous ?
Autre cas, plus marquant cette fois, est celui de la Grèce. Les dépenses militaires ont représenté en 2008 3% du PIB du pays contre 1,7% en moyenne pour les autres pays de l’UE. L’Allemagne, qui a fortement critiqué la gestion budgétaire de la Grèce, n’a pourtant pas hésité à vendre en 2009 de l’armement à la Grèce à hauteur de 2 milliards d’euros, suivie par la France et l’Italie. Les coupes dans le budget de la défense grecque n’ont d’ailleurs pas été aussi radicales que celle effectuées dans d’autres domaines, ce qui arrange bien (ou correspond à la volonté ?) des pays précités. Hypocrisie ?
Youssef Nouar
Photo : seanb.murphy – Flickr