Olivier Favier, dont Poezibao a déjà publié plusieurs traductions, notamment du poète italien Carlo Bordini, a réagi au choix d’André Breton pour l’anthologie permanente de ce 17 septembre. Poezibao a souhaité publier ce point de vue intéressant et qui complète bien le choix de ce jour.
Je n'avais jamais remarqué que ce tract de "Correspondance" publié par Paul Nougé le 22 novembre 1924 répondait au poème d'André Breton publié aujourd'hui:
"Regarder jouer aux échecs, à la balle, aux sept arts nous amuse quelque peu, mais l’avènement d’un art nouveau ne nous préoccupe guère.
L’art est démobilisé par ailleurs, il s’agit de vivre. Plutôt la vie, dit la voix d’en face.
Nous poursuivions notre promenade, au passage délivrant de nos propres pièges quelques différences."
J'affirme avec un bonheur renouvelé, maintenant que m'apparaissent les dessous de l'affaire, que je m'étais rangé spontanément du côté de la "voix d'en face". J'y pensais comme à un titre -c'est une des phrases de Nougé qui me hantent, et j'en aurais voulu à Breton de ne pas avoir dit: "Plutôt la vie". Moi qui n'ai jamais pu me ranger nulle part, je serai du moins, dans un temps qui pardonne à Céline pour condamner Breton -on me pardonnera ce raccourci d'aisance, qui est aussi un lieu commun- un de ceux dont le coeur battra d'enfance au seul mot de surréalisme. Surréalisme, comme on disait révolution, en un temps désormais lointain plus grand dans l'illusoire. Surréalisme, comme on a dit, mais sans tenir promesse, la révolution la nuit. Surréalisme, comme un des mots trop rares du siècle court qui soit encore un mot.
NDLR : Paul Nougé (Bruxelles, 1895 – Bruxelles, 1967) est un poète belge, souvent présenté comme le « Breton belge » (notice)
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