Les contraintes liées à la mise en forme d’un article dans une revue exigent un respect d’un certain nombre de « signes » : l’article précédent publié en deux fois était trop long, je l’ai donc modifié et en voici la version allégée :
C’était en été, et j’avais enfin pu réaliser mon rêve : celui de « taper la route » aux Etats-Unis en auto-stop, « les poings dans les poches crevées », « l’ auberge à la Grande-Ourse »… Et je pensais au poème de Rimbaud, « Ma bohème », que je connaissais par cœur. C’était désormais « assis au bord des routes » qu’il me revenait, mélange d’éblouissement et de jubilation lié au sentiment de vivre une grande aventure.
Et puis tout a basculé. Voici le « Petit Poucet rêveur » jeté dans la cellule d’une prison de La Nouvelle-Orléans… Fini « mes étoiles au ciel » et leur « doux frou-frou »… uniforme rayé, bracelet de prisonnier, ciel de prison, barreaux donnant là-bas, tout au loin sur la route, et compagnons de cellule plus proches de Rambo que de Rimbaud !
Dans ces conditions, les mots du poème revenaient autrement dans ma mémoire. C’était un hymne à la Liberté de l’Esprit. « Ma Bohème » vibrait en moi. Je revivais les heures qui venaient à peine de s’écouler, « ces bons soirs », où tirant « les élastiques de mes souliers blessés / Comme des lyres (…) », je rêvais sur le soleil couchant et les promesses de Californie tout au bout de l’horizon.