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Tout se complique et la tendance se confirme.
A l’aube de millième page, les craintes sont toujours les mêmes, et leur justification est désormais apportée.
Ce qui se profile à le goût du rance et du déjà vu.
Roms reconduit aux frontières par centaines, peur de l’autre savamment distillée dans les veines de défunte liberté de pensée.
L’impensable retour est à notre porte.
Il porte mufle court et sent mauvais.
Les vieilles histoires inlassablement se répètent.
On se complaît dans le glauque et le sordide.
*
Il n’y a plus tellement de mots à dire.
Il est l’heure d’entrer en résistance contre tout ce qui nous opprime.
Ici on se bât entre voisins, on se déchire, on frappe et cogne, on insulte et invective.
Que mot soit dit pour dénoncer vaine querelle et déjà se profile la suprême insulte.
N’est plus raciste celui qui cultive la xénophobie la plus pure, le communautarisme le plus honteux, mais celui qui condamne, n’étant pas de telle ou telle appartenance, les actes de délinquance.
Les rôles s’inversent et rendent, par la grâce présidentielle, toute tentative de juste parole vaine.
On plonge alors dans l’absurde effroyable : l’accusateur devient l’accusé, à lui de justifier sa bonne foi.
*
Dès lors me voici troublé.
Troublé par la violence qui monte dès lors que le voisinage se fait indélicat, quelle que soit son appartenance ethnique, religieuse ou philosophique ; que la moindre remarque se transforme alors en accusation d'ostracisme ou de racisme ; que les humains rencontrés le soient, finalement, de moins en moins…
*
Nous voici au seuil d’une période noire.
Si noire qu’elle est invitation à se détacher, à reculer, puisque toute forme de liberté de penser, d’agir et de dire devient suspecte à priori.
Il est bien triste Etat, celui qui ne permet plus la respiration libre, libre pensée, libre création.
Désormais on peut être traduit devant les tribunaux de l’inique République pour avoir défendu le droit de révolte devant l’intolérable.
Le soupçon s’infiltre partout.
Et tandis que les craintes sont engrangées, plus nombreuses que foin, l’essentiel demeure sans relève.
Nulle rémission à attendre lorsque le doigt est pris dans cette machine infernale à broyer.
Le rêve s’évade dans l’attente d’un lieu sur cette terre qui puisse être d’accueil.
*
La honte ne quitte plus chaque seconde.
Horrifié, je marche, mais ne peut rien accepter de l’inique bonheur de vivre.
Les charters ont commencé leur ronde lugubre.
Unhaut le cœur me prend d’être encore français quand l’image qui fut celle de mes ancêtres se trouve lamentablement ternie, au point d'être invitation à ne plus quitter l'ombre de mes pensées.
Manosque, 14 août 2010
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