Le 2 mai 2007, au cours du débat télévisé qui l’opposait à Ségolène Royal, le candidat Sarkozy déclarait : «Avec la loi Fillon, jusqu’en 2020, on n’a pas de souci majeur à avoir au fin…, quant au financement de nos retraites ». Le 3 septembre 2010, le Président Sarkozy déclare à Montbard : « A la minute où je vous parle, il y a 10% des retraités français dont on finance les retraites par des emprunts, y’a pas d’argent, y’a plus assez d’argent pour financer les retraites ». Le même jour, devant le même public ouvrier, le même Président s’imagine fustiger ses prédécesseurs en disant : « Je vais vous poser une question, est-ce qu’on vous a pas suffisamment menti dans le passé ? » Et lui, quand ment-il, en 2007, en 2010, les deux fois ou sans arrêt ?
Le 6 septembre, sur Canal+, dans son Petit Journal, Yann Barthès a la malice de rapprocher ces deux déclarations que trois années séparent. Alors que les participants rient franchement, Nadine Morano, la harengère de service, insiste pour intervenir alors que l’on aborde déjà un autre sujet : « Juste une remarque, il n’y avait pas eu la crise économique qui est arrivée entretemps, vous l’avez oubliée ! Parce que c’est une réalité, il faut pas l’oublier ! ». Voilà une des pointures qui gouvernent ce pays ! Cela fait des mois que l’on nous serine que c’est l’allongement de l’espérance de vie et le déséquilibre entre le nombre d’actifs et le nombre de retraités qui imposent de reculer l’âge de la retraite. Cette situation était déjà connue en 2007. La contradiction entre ces deux déclarations d’un Président aussi avisé n’a donc rien à voir avec la crise. Et de plus, la crise est finie : la croissance est revenue, le chômage baisse, Alléluia !
Comme on ne se lasse jamais d’entendre notre grand communicant pourfendre le mensonge, je vous livre cet extrait d’un reportage du 14 septembre diffusé sur iTélé où il pérore, amical et bonhomme, devant des travailleurs : « On ne pourra pas dire, j’ai pas fait le travail. Bien sûr, on peut mettre la poussière sous le tapis. On ne peut pas dire, allez, il faut gagner la prochaine élection, y a toujours des élections en France, donc on dit pas des choses désagréables, vous, on vous a tellement dit des choses, mon pari c’est que vous respectez davantage celui qui vous dit la vérité, même si elle est difficile, que celui qui vous dit : demain, on rasera gratis, parce que vous savez pertinemment qu’il en est rien ».
Si j’en ai le temps, et la patience, un de ces jours j’énumérerai quelques-unes des choses déjà annoncées par cet homme de vérité.